
Au nord de Toliara, moyennant un cyclo pousse à 10.000 ariary, se trouve la localité de Miary abritant le fameux arbre sacré, « Fihamy ». Un lieu d’émerveillement et de quiétude pour les visiteurs.
Miary, une localité située à 10 km au nord de Toliara, notamment de l’université de Maninday, dévoile un vaste paradoxe de l’eau. Si actuellement, la cité manque cruellement d’eau, c’est pourtant à cause d’un trop plein d’eau qu’elle doit son histoire.
Car elle abrite la fameuse “Fihamy” un arbre sacré datant de l’époque royale de Madagascar. Dessous gît à jamais une jeune vierge, offerte par son père pour stopper les crues qui ravageaient la région. Mais, ce n’est pas aussi simple que ça. Etienne de Flacourt (1607–1660) avait visité les environs en son temps. Il a alors répertorié la présence d’un groupe humain en 1658 : les « Machichores », plus communément, les « Masikoro ».
Le bon voisinage n’était pas de rigueur avec les Maroserana, une dynastie du puissant groupe humain Sakalava. Une proximité ayant fini par une guerre entre les deux royaumes. D’autres spécialistes évoquent aussi des confrontations avec les Bara. Tout cela a ainsi causé le déplacement des Masikoro plus à l’Ouest et plus proche de la mer.

Guerres de proximité. Soumis par les Sakalava, Andrevola était dirigée par une reine et cette dernière épousa le roi des nouveaux venus. Scellant ainsi leur rapprochement pacifique. Mais Miary est connu à travers la région pour son banian sacré, imposant et monolithique, où les oiseaux égayent et ajoutent un sentiment d’harmonie au lieu.
Dadabe Venance, un ancien du village, explique. « Il y avait un roi, qui disait que nous avons besoin de sages devins. A cette époque, le cours d’eau était dénommé Maninday. Ce sont les devins sages qui ont donné le nom de Miary. Une jeune fille vierge a été enterrée dans une grande marmite avec l’arbre, que l’on a arrosé et qui a donné cet imposant banian ».
En effet, les eaux du fleuve causaient de grands ravages dans le royaume Andrevola. Les champs, les bêtes d’élevage et les villages se trouvaient souvent sous les eaux. Le roi a ainsi décidé d’appeler des sages pour trouver une solution. Ces derniers ont donc demandé une grande marmite, un zébu à la robe royale ou « Mazavaloha » et d’autres compléments.
Le plus difficile à trouver des compléments, causant des terribles tourments au roi, fut l’élément accompagnant l’arbre divin. Pas question pour le monarque de tuer qui que ce soit, puisqu’il s’agissait d’une jeune fille vierge. Cependant, un père de famille venant du groupe « Tsatsaky » offrit sa fille pour le sacrifice. Depuis, les Masikoro et les Tsatsaky sont liés par un pacte historique de fraternité.
Don de soi. Quand les rituels ont été remplis, l’eau a dévié et n’a plus jamais inondé la région et en particulier le village qui a ensuite été dénommé Miary. A cause de ce sacrifice « biblique » et vital pour le collectif, les pèlerins ont alors commencé à sacraliser le lieu où se trouve l’arbre. Comme une marque d’immense reconnaissance envers la jeune vierge.
Tellement sacré que « ce lieu déteste les mensonges. Par exemple, je vous vole quelque chose et nous discutons ici. Vous m’accusez de ce vol, pourtant moi je persiste à nier. Alors, il m’arrivera quelque chose dans les prochains jours. C’est inévitable. Le mensonge n’a pas de place ici », ajoute Dadabe Venance.
Dans la ville de Toliara, que ce soit dans l’ébriété des bars ou dans les discussions familiales, quand on évoque le nom de Miary, un silence respectueux s’installe pendant quelques millièmes de seconde.
Maminirina Rado