
Une mini centrale nucléaire modulaire peut produire 100 mégawatts d’énergie électrique selon le Pr Joël Rajaobelison, directeur général de l’Institut National des Sciences et Techniques Nucléaires. De quoi résoudre les problèmes de délestage.
Les contributions du nucléaire sur la vie socio-économique de Madagascar ont été soulevées durant la cérémonie d’ouverture officielle du trentième anniversaire de l’Institut National des Sciences et Techniques Nucléaires (INSTN) organisée à Ankatso hier. Notamment, dans la résolution de la problématique liée au délestage et de la crise énergétique que connaît le pays depuis plus d’une dizaine d’années déjà. En effet, dans un contexte où l’électricité se présente comme une denrée rare pour beaucoup de régions de la Grande île et que les délestages font la loi, investir dans la mini centrale nucléaire modulaire pourrait être une solution rentable et efficace pour le pays si l’on s’en tient aux explications du Pr Joël Rajaobelison, directeur général auprès de l’INSTN. «Dans un futur proche, le mini central modulaire sera la solution pour les problématiques énergétiques du pays. Nous allons donner plus de détails sur ce qu’il en est demain (ce jour) à l’académie malgache Tsimbazaza», avance notre source. L’évènement de demain sera donc une opportunité pour les scientifiques du nucléaire malgache d’éclaircir l’opinion publique sur le sujet. Ce, dans la mesure où le nucléaire ne jouit pas d’une bonne image au niveau du public du plus haut jusqu’au plus bas niveau de l’État. Le Pr Raoelina Andriambololoniaina, père fondateur de l’INSTN, a d’ailleurs cité l’exemple de «la peur du nucléaire, l’incompréhension, sinon l’hostilité du public et même des responsables étatiques et des collègues de l’université» durant son discours comme difficultés endurées par son organisme durant ses trente années d’existence.
Volonté étatique. Interrogé sur la possibilité pour le pays d’investir dans la mini centrale nucléaire modulable, le Pr Joël Rajaobelison de répondre «nous avons déjà les ressources humaines disposant des compétences requises». Le DG de l’INSTN de renchérir ensuite sur les trois phases de la mise en œuvre de ce projet. «Il faut d’abord qu’il y ait la volonté de l’État malgache à vouloir s’investir dans le nucléaire. L’État doit décider de le faire ou non», note notre source. La recherche des moyens permettant de monter le projet viendrait en seconde phase si l’on suit les explications du numéro un de l’INSTN. Tandis que « la mise en œuvre proprement dite conclut le processus».
Défis. La cérémonie d’hier a également permis d’avoir quelques aperçus des difficultés et défis relevés par l’INSTN durant ses trente années d’existence. «Nous avons aussi dû nous battre contre des conditions matérielles peu stimulantes : insuffisance de budget, infrastructure inexistante, salaire non motivant», témoigne le Pr Raoelina Andriambololona. Avant de préciser «ces circonstances nous ont permis d’apprécier à sa juste valeur au choix, à la nécessité sinon l’urgence et la rentabilité d’un développement endogène voire autogène». «Nous sommes convaincus de la nécessité du nucléaire dans tous les secteurs du développement : eau, énergie, élevage, santé humaine, etc.», conclut le Pr Raoelina Andriambololona.
José Belalahy
Un petit réacteur modulaire (PRM) (en anglais : small modular reactor, abrégé en SMR) est un réacteur nucléaire à fission, de taille et puissance plus faibles que celles des réacteurs conventionnels, fabriqué en usine et transporté sur le site d’implantation pour y être installé. Les réacteurs modulaires permettent de réduire les travaux sur site, d’accroître l’efficacité du confinement et la sûreté des matériaux nucléaires. Les PRM (d’une puissance de 10 à 300 MW) sont proposés comme une alternative à moindre coût, ou comme complément, aux réacteurs nucléaires conventionnels. Ils sont destinés surtout à l’alimentation électrique de sites isolés ou de navires. Ils peuvent être adaptés à la cogénération ou trigénération (production combinée de chaleur et l’électricité et mouvement) et utilisés pour des réseaux de chauffage urbain, le dessalement de l’eau de mer, la production d’hydrogène, la fourniture de chaleur pour des procédés industriels, le raffinage d’hydrocarbures ou la propulsion navale, civile ou militaire.
Fin 2018, ils sont déjà utilisés par les militaires (sous-marins, porte-avions) ou en Russie pour quelques brise-glaces. Une cinquantaine de projets ou concepts de PRM étaient à l’étude ou en cours de développement (environ 100 MWe par projet en moyenne)1, allant de versions réduites de modèles existants de réacteurs nucléaires, jusqu’à des concepts innovants relevant entièrement de la génération IV, aussi bien de type réacteur à neutrons thermiques que de type réacteur à neutrons rapides. Les pays les plus actifs dans ce domaine sont la Russie et les États-Unis.