
Dans son discours du 6 janvier dernier à Iavoloha, le président de la République a parlé de « vérité des prix » tout particulièrement en ce qui concerne « la Jirama qui est subventionnée à hauteur de 300 milliards par an par l’Etat ».
Hery Rajaonarimampianina de faire sienne la remarque du Représentant Résident du FMI, Coralie Gevers qui disait que « 14% seulement des Malgaches bénéficient des services de la Jirama ». Il devait aussi partager implicitement le satisfecit de l’autre institution de Bretton Woods, en l’occurrence, la Banque Mondiale qui a salué unanimement et publiquement avec la Banque Européenne d’Investissement (BEI) et la Banque Africaine de Développement (BAD), « la bonne gestion des finances publiques par le ministre des Finances et du Budget, Gervais Rakotoarimanana ». L’ancien Grand Argentier de la Transition devenu le premier président de la Quatrième République a déclaré urbi et orbi lors de la grand’messe d’Iavoloha que « beaucoup d’avancées ont été accomplies surtout en matière de gestion des finances publiques ».
Tirs croisés. Moins d’une semaine après, force est de se demander si Iavoloha tient un double langage. En effet, un groupe d’organes inféodé au pouvoir donc censé être « la voix de son maître » effectue des tirs croisés contre le ministre des Finances et du Budget qu’il accuse de « bloquer le fonds d’urgence pour le délestage ». Allant même jusqu’à le suspecter de vouloir dresser le peuple contre le président de la République. Reste à savoir si ce dernier partage ou cautionne cette analyse ou si « la bonne gestion des finances publiques » par Antaninarenina ne fait pas l’affaire – au propre comme au figuré – de certains membres de son entourage dont l’objectif inavoué serait de faire sauter Gervais Rakotoarimanana, au risque d’envoyer un signal négatif à l’endroit des bailleurs de fonds et de compromettre le déblocage des 10,2 milliards de la Conférence des Bailleurs et des Investisseurs à Paris. Des bailleurs qui sont contre la poursuite des subventions à la Jirama. Une conditionnalité que le président de la République n’a pas remise en cause dans son discours. Idem pour son ministre des Finances et du Budget que d’aucuns considèrent comme l’empêcheur de détourner un rond.
R. O