La colère populaire ne faiblit pas. Face aux délestages électriques et aux coupures d’eau qui s’enchaînent, une grande mobilisation nationale est annoncée pour ce jeudi.
Les Malgaches n’en peuvent plus. Le ras-le-bol face aux coupures incessantes d’électricité et aux pénuries d’eau gagne du terrain, bien au-delà des quartiers de la capitale. À l’appel des « Conseillers municipaux de la Commune Urbaine d’Antananarivo (CUA)» une « journée de mobilisation nationale » est prévue ce jeudi, avec un rassemblement d’ampleur à « Ambohijatovo ». D’autres manifestations similaires sont également attendues dans les principales villes du pays. « Ce n’est pas qu’un problème municipal, c’est l’affaire de tout un peuple », martèlent les organisateurs. En effet, les scènes de protestation se multiplient. À Sabotsy Namehana et à Alasora, les manifestants ont bloqué la circulation avec des pneus en feu et des barrages improvisés. Même situation à Vontovorona, hier matin, où des étudiants sont descendus dans la rue après une nuit entière sans courant.
Pacifique
Conscients du climat tendu, les initiateurs du mouvement insistent sur le caractère pacifique de la mobilisation. « L’objectif n’est pas de s’en prendre à la JIRAMA ou à ses employés, eux aussi victimes du système, mais de faire entendre la voix des citoyens auprès des décideurs », ont précisé les membres de Firaisankina. Ils appellent à une discipline stricte pour éviter tout débordement ou récupération politique. Mais les tensions sont palpables. Hier, trois conseillers municipaux, Alban Rakotoarisoa alias Babà, Clémence Raharinirina et Lily Rafaralahy, se sont rendus au tribunal d’Anosy pour déposer plainte. Ils dénoncent une « interpellation arbitraire » survenue vendredi et parlent de « harcèlement physique et moral ». Une plainte contre X a été déposée. Une plainte est également dirigée contre le ministre délégué auprès de la Gendarmerie et le ministre de la Sécurité publique.
Autorisation
En parallèle, les organisateurs ont « déposé une demande officielle d’autorisation de manifester » auprès de la préfecture. « Nous respectons scrupuleusement la légalité et les délais réglementaires de 48 heures », a indiqué Toavina Ralambomahay, conseiller municipal du Firaisankinan’ny Tia Tanindrazana. L’objectif est clair : « réclamer l’accès à deux droits fondamentaux, l’eau et l’électricité », de manière légitime et pacifique. Pour Lily Rafaralahy, la démarche dépasse le cadre d’un simple mouvement citoyen. « Nous remettrons une copie de notre plainte à tous les élus, à la société civile, aux syndicats, aux Églises et à la communauté internationale », a-t-elle affirmé, en signe de transparence et d’appel à la solidarité. Alors que la date du jeudi approche, le signal envoyé aux autorités est fort. « Une crise d’ampleur nationale est en train de s’enraciner », avec des conséquences lourdes sur le quotidien des citoyens, toutes catégories confondues. Face à cette réalité, la réponse gouvernementale se fait toujours attendre.
Julien R.