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lundi, mai 12, 2025
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Dénutrition, carences alimentaires et surpoids : La malnutrition à facettes multiples met enfants et adolescents en danger

L’alimentation des enfants impacte sur leur développement physique et intellectuel. (Photo d’archives)

Bien trop d’enfants s’alimentent mal ou trop peu, et subissent les conséquences d’un système alimentaire qui ne tient pas compte de leurs besoins, selon l’UNICEF. Au moins un enfant de moins de cinq ans sur trois, soit 200 millions d’enfants dans le monde, dont à Madagascar, souffrent de dénutrition ou de surpoids. Le nouveau rapport de cet organisme onusien en charge de l’enfance livre l’évaluation la plus complète à ce jour de la malnutrition infantile sous toutes ses formes au XXIe siècle. Il décrit le triple fardeau de la malnutrition, à savoir la dénutrition, la faim insoupçonnée induite par des carences en nutriments essentiels et le surpoids, que subissent les enfants de moins de cinq ans. 

Le constat est inquiétant. Les enfants se nourrissent mal et/ou peu. Le nouveau rapport de l’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l’enfance) intitulé La Situation des enfants dans le monde 2019 – Enfants, nourriture et nutrition, publié cette semaine, montre une tendance, ces 20 dernières années, vers la dénutrition ou au contraire, vers le surpoids et l’obésité chez les enfants. Un enfant de moins de cinq ans sur trois souffre de malnutrition, et deux enfants de moins de 2 ans sur trois s’alimentent mal. Les adolescents ne sont pas épargnés par le phénomène.

Chez l’enfant, les principales conséquences sont le retard de croissance et l’altération du développement cognitif. Des séquelles de la malnutrition ou d’une mauvaise pratique alimentaire qui ont des répercussions sur l’avenir de l’enfant.

Séquelles définitives. Le retard de croissance notamment, risque de devenir irréversible, au-delà de l’âge de deux ans, en l’absence de prise en charge. Madagascar est particulièrement touché par ce phénomène. En effet, deux millions d’enfants à Madagascar (42%) sont trop petits pour leur âge, tandis que 270.000 enfants, soit 6%, souffrent d’émaciation : ils sont trop maigres pour leur taille. Dans le monde, ce sont deux enfants âgés de six mois à deux ans sur trois qui ne consomment pas d’aliments capables de soutenir la croissance rapide de leur corps et de leur cerveau. Cette situation est susceptible d’entraver leur développement cérébral, de nuire à leur apprentissage , d’affaiblir leur système immunitaire, et augmente les risques d’infections et, dans de nombreux cas, de décès.

Surpoids et obésité. L’autre forme de malnutrition qui inquiète l’UNICEF c’est le surpoids et l’obésité. Mais il ne faut pas s’y méprendre, car il s’agit du résultat d’une  alimentation loin d’être suffisante. En effet, les aliments mauvais pour la santé et vendus à bas prix sont disponibles partout, quasiment dans tous les pays du monde.

Les enfants sont de plus en plus exposés à ces aliments de mauvaise qualité, notamment à cause de pratiques de marketing et de publicité inappropriées, de l’abondance d’aliments ultra-transformés dans les villes comme dans les régions reculées, et d’un accès accru aux produits de la restauration rapide et aux boissons très sucrées. Le rapport montre ainsi que 42 % des adolescents scolarisés dans les pays à revenu faible et intermédiaire, consomment des boissons gazeuses sucrées au moins une fois par jour et que 46 % mangent des produits de restauration rapide au moins une fois par semaine. Dans les pays à revenu élevé, ces pourcentages sont encore plus préoccupants et atteignent 62 % et 49 %, respectivement. Ces phénomènes entraînent une augmentation des niveaux de surpoids et d’obésité durant l’enfance et l’adolescence à travers le monde. La proportion d’enfants de cinq à 19 ans souffrant de surpoids, a doublé entre 2000 et 2016, passant d’un enfant sur dix à un enfant sur cinq. Dans la même tranche d’âge, dix fois plus de filles et douze fois plus de garçons souffrent d’obésité qu’en 1975.

Pauvreté. Le rapport indique également que ce sont les enfants et les adolescents des communautés les plus pauvres et marginalisées qui sont les plus sévèrement frappés par la malnutrition sous toutes ses formes. Au sein des foyers les plus pauvres, seul un enfant âgé de six mois à deux ans sur cinq a une alimentation suffisamment variée pour grandir en bonne santé. Même dans les pays à revenu élevé tel que le Royaume-Uni, la prévalence du surpoids est deux fois plus élevée dans les régions les plus pauvres que dans les régions les plus riches.

« Malgré toutes les avancées technologiques, culturelles et sociales des dernières décennies, nous avons perdu de vue l’essentiel : les enfants qui mangent mal vivent mal », indique Henrietta H. Fore, directrice générale de l’UNICEF. « Des millions d’enfants ont une mauvaise alimentation pour la simple raison qu’ils n’ont pas d’autres choix. Le regard que nous portons sur la malnutrition et la manière dont nous traitons ce problème, doivent évoluer : l’enjeu n’est pas tant de donner aux enfants suffisamment de nourriture, mais de leur donner les bons aliments. Voilà le défi que nous devons tous relever aujourd’hui », a-t-elle ajouté.

Allaitement. Le rapport de l’UNICEF insiste sur le fait que les mauvaises pratiques en matière d’alimentation commencent dès les premiers jours de vie de l’enfant. A commencer par l’allaitement. Bien que celui-ci sauve des vies, seuls 42 % des bébés de moins de six mois sont exclusivement nourris aux seins et de plus en plus d’enfants consomment des préparations pour nourrissons. Les ventes de préparations à base de lait ont augmenté de 72 % entre 2008 et 2013 dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure comme le Brésil, la Chine, le Pérou et la Turquie, principalement en raison de pratiques de marketing inappropriées et de la faiblesse des politiques et des programmes visant à protéger, à promouvoir et à soutenir l’allaitement aux seins. Madagascar n’affiche pas de résultats plus reluisants : seulement 45% des mamans initient l’allaitement dans l’heure qui suit la naissance, 50% pratiquent l’allaitement maternel exclusif de la naissance à six mois et 60% continuent d’allaiter jusqu’aux deux ans de l’enfant. De plus, la commercialisation des substituts au lait maternel ne respecte pas les règles internationales de marketing pour la protection de l’allaitement maternel mettant en danger des centaines de milliers de nourrissons chaque année.

Ni fruits ni légumes. Alors que les enfants commencent à consommer des aliments mous ou solides vers l’âge de six mois, beaucoup adoptent un régime alimentaire inapproprié. Près de 45 % des enfants âgés de six mois à deux ans dans le monde ne consomment pas de fruits ou de légumes. Près de 60 % ne mangent pas d’œufs, de produits laitiers, de poisson ni de viande. A Madagascar, c’est moins d’un enfant sur quatre qui reçoit une alimentation suffisamment variée pour leur apporter tous les nutriments nécessaires à leur bon développement physique et intellectuel.

Le rapport souligne en outre que les catastrophes liées au climat provoquent de profondes crises alimentaires : la sécheresse est responsable de 80 % des dommages et des pertes du secteur agricole, modifiant de manière considérable le type d’aliments auquel ont accès les enfants et les familles, ainsi que leur qualité et leur prix.

Pistes de solutions. Pour traiter cette crise grandissante de la malnutrition sous toutes ses formes, l’UNICEF appelle le gouvernement, le secteur privé, les donateurs, les parents, les familles et les entreprises à aider les enfants à grandir sainement et les exhorte à donner les moyens aux familles, aux enfants et aux jeunes de demander des aliments nutritifs, notamment en améliorant l’éducation à la nutrition et en utilisant des mesures législatives éprouvées, telles que les taxes sur le sucre, afin de réduire la demande d’aliments mauvais pour la santé. Il s’agit également d’encourager les fournisseurs de denrées alimentaires à agir dans l’intérêt des enfants, en les incitant à produire des aliments sains, pratiques et abordables ; et de créer des environnements alimentaires sains pour les enfants et les adolescents en utilisant des approches qui ont fait leurs preuves, telles que l’utilisation d’étiquettes précises et faciles à comprendre sur les emballages et des contrôles plus stricts en ce qui concerne la commercialisation des aliments préjudiciables à la santé. En outre, il est primordial de mobiliser les systèmes de soutien dans les domaines de la santé, de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement, de l’éducation et de la protection sociale afin d’améliorer les résultats nutritionnels pour tous les enfants. Et enfin, collecter, analyser et utiliser régulièrement des données et éléments de preuve de bonne qualité pour orienter les actions et suivre les progrès. « Nous perdons du terrain dans notre combat pour instaurer des régimes alimentaires sains », déplore Henrietta Fore. « C’est une guerre que nous ne remporterons pas seuls. Nous avons besoin que les gouvernements, le secteur privé et la société civile fassent de la nutrition infantile, une priorité et travaillent de concert pour éliminer les causes d’une mauvaise alimentation sous toutes ses formes », a-t-elle conclu.

Enfants et nutrition en quelques chiffres

A Madagascar :

– Deux millions d’enfants présentent un retard de croissance ou sont trop petits pour leur âge (42%).

– 270.000 enfants souffrent d’émaciation ou sont trop maigres pour leur taille (6%).

– Des centaines de milliers de femmes et d’enfants souffrent de carences en vitamines et minéraux essentiels, tels que la vitamine A, le fer, le zinc, etc…

Dans le monde :

-149 millions d’enfants présentent un retard de croissance ou sont trop petits pour leur âge.

– 50 millions d’enfants souffrent d’émaciation ou sont trop maigres pour leur taille.

– 340 millions d’enfants, soit un enfant sur deux, souffrent de carences en vitamines et en nutriments essentiels, tels que la vitamine A et le fer.

– 40 millions d’enfants sont en surpoids ou obèses.

Dossier réalisé par Hanitra R.
Source UNICEF

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