La dépréciation de l’Ariary pourrait être bénéfique pour l’économie malgache. Mais des actions doivent être menées par l’Etat pour ce faire. Dans le cas contraire, les consommateurs malgaches risquent de subir une forte inflation, d’ici peu, d’après les explications de l’économiste Rado Ratobisaona.
La dépréciation de la monnaie malgache n’est pas seulement causée par la forte demande de devise sur le MID. D’après l’économiste Rado Ratobisaona, non moins secrétaire général du Cercle de réflexion des économistes de Madagascar (CREM), cette situation est également favorisée par l’arrivée à maturité des marchés à termes sur les importations de produits essentiels comme le carburant et les biens d’équipement. « Face au déficit chronique de la balance courante malgache, nos réserves de devise n’arrivent plus à régler le paiement de ces contrats à termes. Il faut donc d’autres sources de devises », a-t-il indiqué.
A exploiter. La dépréciation monétaire n’est pas toujours mauvaise. Certains dirigeants optent même pour la dévaluation de leurs monnaies. En effet, la détérioration du terme de l’échange sur l’économie entraine une amélioration de la compétitivité prix, pour l’exportation de nos produits à l’étranger. « Les entreprises locales sont sollicitées à produire davantage accroitre le volume des exportations », a soutenu l’économiste. Certes, une dépréciation monétaire devrait inciter la production. Malheureusement, ce n’est pas le cas pour Madagascar. D’après Rado Ratobisaona, nos producteurs n’arrivent pas à augmenter le volume de production à court terme. « Les consommateurs ont également un rôle à jouer. Il faut que nous consommions plus de produits locaux et moins de produits importés pour tirer l’effet de substitution pour tempérer la dégringolade de l’Ariary. Une importation excessive ne ferait qu’amplifier une inflation importée ; qui à son tour entrainera une hausse générale de prix. Nous en serons tous victimes, si l’effet de substitution n’est pas enclenché », a-t-il affirmé.
Mesures. Les conditions d’élasticité critique, composées par l’effet de substitution et l’effet de la détérioration du terme de l’échange ne se vérifient pas toutes seules, selon l’économiste. En effet, des mesures doivent être prises à court termes pour redynamiser le tissu industriel et l’agriculture, afin d’inciter les acteurs dans ces domaines à produire plus. Cela pourrait se faire en mettant à leur disposition une facilitation d’accès aux différents types d’intrants comme l’accès au crédit, l’accès foncier, le marché, etc., pour pouvoir diversifier leurs productions et augmenter en même temps le volume d’exportation. Il faut noter qu’une dépréciation est nuisible pour l’économie si le niveau général de production nationale stagne ou diminue. Cette stagnation stimule à nouveau l’importation et l’inflation par la suite. Un cercle vicieux qui ne fait qu’aggraver la pauvreté, si les dirigeants ne le cassent pas.
Antsa R.