La classe politique est devenue raisonnable. A mesure que le temps passe, elle se rend compte de ses errements et donne, de plus en plus au président de la République, toute latitude pour choisir et nommer le Premier ministre sans viol de la Constitution. La pression a baissé. Ni le Mapar, ni la PMP, qui se réclament de la majorité à l’Assemblée nationale ne pourront imposer au président de la République de choix négatif. D’après les échos de New-York et de Washington d’où il s’est trouvé avant de regagner Paris pour la suite de son programme, il nommera dès son retour au pays le Premier ministre pour permettre aussitôt la formation du nouveau gouvernement. En d’autres termes, la semaine à venir verra la naissance de l’institution qui complètera l’Exécutif.
Députés inflexibles
Au législatif, en revanche, la formation du Sénat dépendra encore de l’avènement des grands électeurs par la voie des élections communales. Le Parlement ne fonctionnera en attendant qu’avec l’Assemblée nationale. Une Assemblée pour le moment handicapée par l’existence d’un Bureau Permanent issu d’élections contestées en son sein pour irrégularité. Des députés ont déposé des requêtes auprès du Conseil d’ Etat et de la Haute Cour Constitutionnelle pour le défaire. Les tractations battent leur plein en vue de compromis entre les députés pour le maintien de la composition du Bureau Permanent actuel. Des propositions telles que doubler le nombre des vice- présidents vont leur petit bonhomme de chemin dans l’espoir de satisfaire les contestataires. Mais ces derniers sont inflexibles. Ils recherchent la tenue de nouvelles élections du bureau après adoption et vote du règlement intérieur conformément à la stricte légalité. La présidente de l’Assemblée nationale est prise à la gorge. Elle ne cache pas son désarroi n’ayant pas été invitée à la cérémonie de prestation de serment des nouveaux membres de la Haute Cour Constitutionnelle du quota du président de la République. Le ministère des affaires Etrangères le snoberait aussi alors que des parlementaires canadiens sont de passage. Au total, l’incertitude de l’avenir pèse lourd. Toujours est-il que le sort du Bureau permanent de l’Assemblée nationale est entre les mains de la Haute Cour Constitutionnelle dont la décision n’est pas susceptible de recours. Aux six hauts magistrats actuels de cette institution de neuf membres, s’adjoindront bientôt deux membres du quota du Conseil supérieur de la magistrature. Les rapports de force du passé s’effacent petit à petit devant ceux de l’avenir. La nouvelle République est en marche.
Zo Rakotoseheno