L’Assemblée nationale, actrice de tentatives de déchéance envers le président de la République et de motion de censure envers le gouvernement, met discrètement en place une nouvelle majorité parlementaire souhaitée par le président de la République. Malgré le coup bas venant des députés, qui l’ont secoué, il a confirmé sa décision de ne pas dissoudre l’Assemblée nationale. Mais en contrepartie il réclame l’adhésion des députés pour son programme national de développement (PND). Les forces politiques dominantes à l’Assemblée ne savent pas sur quel pied danser devant l’invitation. Les députés indépendants qui représentent une proportion non négligeable de l’Assemblée sont les plus sollicités pour intégrer cette nouvelle majorité parlementaire qui fait office de pacte de responsabilité.
Des enjeux importants
Un mémorandum contenant les arguments de recrutement circulerait en ce moment sous le coude. Les bruits qui circulent affirment que quelque 80 députés ont déjà adhéré à la nouvelle majorité parlementaire. Des députés Mapar, Tim et VPM/MMM ont-ils été contactés ? Les trois formations ne refuseraient pas catégoriquement d’être représentées au gouvernement même si elles entretiennent le flou et donnent l’impression de faire la fine bouche. En effet, aucune d’elles, après les élections communales qui mettent en avant de nouveaux rapports de forces politiques, ne penche pour un engagement dans l’opposition au pouvoir. Le fauteuil de chef de l’opposition à l’Assemblée prévu par la Constitution risque de ne toujours pas trouver preneur et de rester vide. Mais les négociations pour des sièges au gouvernement pourraient aussi devenir plus ardues qu’auparavant. Le HVM a maintenant des assises incontestables après les élections. Il est premier dans la course aux mairies. Le parti présidentiel pèsera lourd sur le choix des alliances politiques du pouvoir. Le gouvernement qui verra le jour devra être fort. Il n’aura pas que le programme de développement et les promesses présidentiels à réaliser, mais aussi et surtout, il doit déjà avoir en ligne de mire les élections présidentielles de 2018. L’ambiance laisse supposer que les candidats seront nombreux mais que les favoris seront issus des partis politiques qui ont brillé dans ces récentes élections communales et municipales. On aura dans les starting-blocks, Hery Rajaonarimampianina, Marc Ravalomanana, Andry Rajoelina. Mais aussi plusieurs autres candidats surprises qui pour l’heure n’affichent que des ambitions à peine cachées mais qui se dévoileront au grand jour, au moment opportun. Les observateurs mettent dans ce lot des chefs de partis, des maires, des députés et des membres du gouvernement actuel. Aussi la formation du prochain gouvernement sera-t-elle plus laborieuse et stratégique compte tenu des enjeux. Le président de la République doit veiller à ce qu’il soit beaucoup plus solide et performant qu’auparavant, pour que son image et sa cote de popularité augmentent et ne diminuent pas auprès du public au fur et à mesure que les prochaines présidentielles approchent.
Zo Rakotoseheno