On continue d’en vouloir aux dirigeants dans les milieux politiques et diplomatiques. Aucun ambassadeur n’a encore été nommé onze mois après l’investiture du président de la République et sept mois après la formation du gouvernement. De grandes ambassades comme celle de Paris, de Washington et de Tokyo, ne fonctionnent plus comme elles devraient être faute de moyens. L’absence des sénateurs dans les institutions où ils sont membres pose aussi des interrogations. Il est certain que l’Etat ne peut rien devant le retard pris par les élections communales d’où sont issus les grands électeurs. Le Sénat ne sera pas sur pied à temps. La saison des pluies empêche de les organiser alors que des échéances importantes risquent de surprendre si l’on n’y prend garde. Les douze mois précisés dans la Constitution pour la mise en place de la Haute Cour de Justice prennent fin à la date d’anniversaire de l’investiture du président de la République. Autrement dit dans environ deux mois.
Des inquiétudes à calmer
En revanche, on reconnaît dans les mêmes milieux une volonté accrue en faveur d’une réconciliation nationale mais sans constat d’empressement visible. Le FFKM est en train de voler la vedette au pouvoir dans le domaine alors qu’il n’est pas certain qu’il obtiendra la force exécutoire légale dont il aura besoin s’il n’est pas à la tête de la démarche. Le président de la République a encore précisé au retour de Sydney où il a assisté au sixième Congrès des parcs nationaux qu’il dirigera la réconciliation nationale bien qu’il n’ait pas encore dévoilé les tenants et les aboutissants de son plan. Tous les regards se portent maintenant sur le cas Marc Ravalomanana, en résidence surveillée depuis plus d’un mois. Ses partisans réclament son retour à Faravohitra son domicile. Le Président de la République a subtilement évoqué la fenêtre de la réconciliation dans laquelle l’ancien exilé d’Afrique du Sud devrait s’engouffrer pour sortir d’affaire. Est-ce à dire que le sort de Marc Ravalomanana ne dépend que de lui ? Quoi qu’il en soit, les observateurs sont convaincus qu’il n’y aura pas de développement sans réconciliation nationale. Des bailleurs de fonds fascinés au départ par le retour du pays à la démocratie font toujours la fine bouche pour ouvrir le robinet des financements qu’ils ont promis devant la lente évolution de la situation politique. Le gouvernement qui traîne dans le bouclage définitif du Plan national de développement (PND) lui offre un motif supplémentaire d’hésitation. Les bailleurs ne cacheraient –ils pas leur doute dans leur impatience à connaître les réformes prioritaires du gouvernement ? Une chose est sûre, les inquiétudes manifestées ne disparaîtront que lorsque l’Etat sera en possession des moyens pour les vaincre.
Zo Rakotoseheno