C’est un mois de décembre plutôt morose que les Malgaches vont vivre cette année. À 18 jours de Noël et à 25 jours du nouvel an, il n’y a aucune éclaircie dans le quotidien des Malgaches. Alors qu’auparavant, la ville se parait de lumières et de décorations multicolores, aujourd’hui, c’est le spectacle de la cohue dans les rues et des interminables embouteillages qui s’offrent à la vue. Les Malgaches en général, et les Tananariviens en particulier, se laissent envahir par une immense lassitude. Ils acceptent sans rechigner les coups du sort qui leur tombent dessus, et ne portent plus de crédit aux affirmations qui leur sont faites.
Des Malgaches arrivés au bout de la résignation
Les Malgaches ne se font plus la moindre illusion sur les propos qu’on leur tient. Entre promesses mirobolantes et contrevérités énoncées, ils ont tendance à ne pas se fier aux beaux discours. Ils se heurtent à la réalité des faits. En ce mois de décembre où il devrait flotter un air de fête, c’est plutôt une atmosphère pesante qui règne partout. Les problèmes quotidiens se multiplient. À la lutte pour la survie s’ajoute la détérioration du cadre de vie. Les détritus sont en train de s’amonceler devant les bacs à ordure. Le remplacement des canalisations d’eau perturbe la vie de nombreux ménages qui ne peuvent se ravitailler que parcimonieusement durant la nuit. La majorité de la population vit maintenant sous le seuil de la pauvreté et ne dispose plus du minimum pour pouvoir se nourrir. Il n’y a pas de pénurie, mais c’est le pouvoir d’achat qui ne permet pas d’acquérir ces produits qui se trouvent à profusion sur les étals des marchands. Les citoyens sont plutôt ironiques quand ils écoutent les promesses des dirigeants. Le prix du riz, du sucre, de l’huile et même des légumes ne cesse d’augmenter au grand désespoir des consommateurs. Cette fin d’année 2021 sera l’une des plus amères qu’ils auront vécue. Il est habituel de dire que les Malgaches savent se résigner. Cela est vrai, mais ils ont atteint la limite de ce qu’ils peuvent supporter.
Patrice RABE