Marc Ravalomanana revient de loin. Il y a encore neuf mois, il était en Afrique du Sud avec le statut d’exilé politique. Aujourd’hui, il est libre. Il est à la fois le fondateur et le leader incontesté du parti TIM. Il a été élu hier président national. Son retour, quoi qu’on dise, n’aurait pas pu se faire sans l’accord du président de la République Hery Rajaonarimampianina. On comprend dès lors la reconnaissance qui se traduit par le soutien politique que son parti manifeste envers le pouvoir. Le tandem Hery Rajaonarimampianina – Marc Ravalomanana donne l’image d’une réconciliation nationale victorieuse. Certes, le processus vient à peine de commencer avec les Assises nationales du FFKM. Il devrait maintenant se poursuivre à travers l’application des résolutions qui en ont résulté.
Des réformes à réaliser
Les réformes pourtant se font attendre. La lenteur d’exécution assimilée auparavant à un comportement de prudence est de plus en plus considérée dans l’opinion comme une forme d’indécision voire de laisser-aller nuisible au processus de réconciliation. En effet, comme sur le chapitre des bois de rose, les intentions d’agir fermement sont annoncées depuis l’investiture du président de la République en janvier 2014. «La tolérance zéro » est un slogan conforme aux aspirations de la population. Le Premier ministre Jean Ravelonarivo l’a redit jeudi devant les députés de l’Assemblée pour affirmer la guerre sans merci qu’il entend mener contre les trafiquants. Il se trouve néanmoins que sur ce chapitre précis, les résultats ne sont pas du tout à la hauteur des attentes. En 17 mois de pouvoir, le gouvernement n’est pas encore arrivé à mettre la main sur un grand trafiquant. Les bois de rose quittent toujours le pays au vu et au su de tout le monde vers des destinations connues. Une chose est sûre, les réformes à faire après les Assises nationales demandent de la volonté et de la fermeté pour se réaliser. Sinon, elles ne seront pour le public impatient que des coups d’annonce sans suite véritable voire de la démagogie. Le public sait que plus on attend, plus la volonté d’engagement diminue. Les impacts positifs des projets ne seront pas au rendez-vous. Mais quelles réformes opérer en premier ? La dissolution des institutions rencontre un mur d’opposition. La levée de boucliers vient surtout de l’Assemblée nationale et du gouvernement. Dans la première pourtant, la majorité n’est pas stable et change au gré des humeurs et des intérêts particuliers. Chez le second, les délais s’assouplissent pour éloigner les échéances d’évaluation de chaque ministre. Hery Rajaonarimampianina est connu pour être un fin stratège mais il ne donne pas moins l’impression de rester dans l’expectative face aux enjeux. Maintenant qu’il a Marc Ravalomanana dans son camp politique, il devrait avancer avec plus d’assurance dans la remobilisation de l’ensemble de la classe politique pour obtenir un pouvoir fort capable de sortir le pays de la crise et de redoubler d’efforts en faveur d’un développement rapide et durable.
Zo Rakotoseheno
