Par expérience des élections dans le passé, les électeurs ne suivent pas toujours les consignes de vote. Ils observent et jugent selon leur instinct. Les deux candidats à la présidentielle du second tour savent certainement que la versatilité de l’électeur ajoute de l’incertitude. En revanche, ils doivent avoir une stratégie bien assise pour récupérer les électeurs qui leur ont fait défaut au premier tour en décortiquant les résultats des bureaux de vote dans les « Fokontany », les communes, les districts et les régions du pays.
Des régions à conquérir
A Antananarivo Renivohitra, le vote sanction est sans ambiguïté. Les électeurs de la capitale ont prouvé en votant pour Jean Louis Robinson qu’ils veulent le retour de Marc Ravalomanana au pays, qu’ils en ont assez du pouvoir de Transition et qu’ils veulent sortir de la crise par la voie électorale. On peut penser que dans tous les bureaux de vote sur le territoire national où Jean Louis Robinson a été en tête ou a réalisé un bon score, les électeurs sont convaincus de ces objectifs. Ils ne s’en détourneront pas au second tour du 20 décembre. Bien au contraire, forts du succès au premier tour, ils iront aux urnes, persuadés de la victoire. Hery Rajaonarimapianina n’a pas démérité. Il a presque toujours été le second dans les bureaux de vote de la capitale et dans de nombreuses régions. Il s’est particulièrement distingué dans le Betsileo. Mais est- ce vraiment le « candidat de la révolution » qui a fait forte impression, ou l’homme nouveau qui a fait une campagne à l’américaine bien dotée en moyens ? Une question qui mérite réflexion. Mais une chose est sûre, les deux adversaires au second tour ont perdu des électeurs. Ils doivent se disputer notamment, le Sud, l’insécurité des zones isolées et enclavées, ont favorisé au premier tour les candidats du pouvoir. Camille Vital, cinquième au classement général a émergé dans cette partie de l’Ile. Hery Rajaonarimampianina est second. Le Sud- Est ensuite. Ce littoral très peuplé leur a échappé et est en revanche allé renforcer Hajo Andrianainarivelo, troisième du classement général. Les voix des électeurs sont allées vers le candidat qui aurait le plus laissé des traces bienfaitrices dans la région parmi les membres du gouvernement de la Transition. Le Dr Jules Etienne, originaire de la région, ne peut que se mordre les doigts. L’Est et le Nord demeurent des enjeux importants au second tour. Roland Ratsiraka quatrième au classement général a démontré que ces régions lui sont en grande partie fidèles. Pour quel candidat les électeurs de tous ces endroits voteront-ils le 20 décembre ? Les consignes de vote ne manqueront pas mais il n’est pas sûr qu’elles soient suivies. C’est dire que les candidats gagneront à mieux écouter et à mieux connaître les centres d’intérêts et les préoccupations de ces électorats qui n’ont pas voté pour eux au premier tour. C’est dans ces contrées que la victoire se joue.
Zo Rakotoseheno