L’État a-t-il gagné dans son objectif de « win win » dans le bras de fer qu’il s’est livré avec le consortium Meridiam, ADP International, Colas- Bouygues ? Apparemment oui, puisque les retombées économiques et financières ont été revues à la hausse, quant à la gestion intégrale du complexe des deux aéroports (Ivato et Fascène), c’est encore à revoir. Meridiam, le fonds d’investissement, désormais leader dans la réalisation de ce projet, ne cédera pas facilement ses acquits.
Maintenant que la Banque mondiale y a mis son grain de sel en épinglant Colas, ADP et Bouygues, quelle suite sera réservée à ces 3 « épinglés » à l’avenir dans le pays ? Nul n’ignore que Colas, en particulier, est un partenaire important dans les projets routiers et d’autres infrastructures. En signe de rétorsion, la multinationale fera-t-elle preuve de largesses (vs mode de paiement) comme auparavant ? A moins que l’on ait déjà pris la précaution de booster encore un peu plus la « coopération » avec les entreprises chinoises déjà fortement implantées au pays. Et si d’aventure c’était le cas, avec quelles compensations car en ces temps de pré-campagne électorale, les générosités font abondance.
Ceci étant revenant à ce deal sur la concession de Ravinala Airports, le rapport de la Branche Intégrité de la Banque mondiale date-t-il du 04 janvier de cette année ? Question : est-ce que nos gouvernants et le consortium bénéficiaire du deal ont eu vent de cette interpellation et se sont vite avisés de peaufiner des avenants parce que la presque simultanéité des deux évènements prête quand même à réflexion. Le président de la République, après des mois de bras de fer avec Meridiam et consorts a révélé, enfin, les conclusions à son avantage le 12 décembre, alors que les milieux d’affaires internationaux murmuraient déjà bien avant, l’existence de cette « collusion » avec les gouvernants de l’époque, « entente illicite » qui veut dire évidemment affaire de gros sous.
Si iniquité (malhonnête suprême) a eu lieu, si la Banque mondiale le révèle officiellement, c’est parce qu’il est question de commission, voire de rétrocommission dans cette affaire. S’il y a eu un lanceur d’alerte à la corruption pour que l’institution financière s’en saisisse, peut-être que, quelque part, il y a des frustrés qui n’ont pas reçu leur part. On peut se poser la question de savoir si l’ex-président n’a pas reçu sa part ou si l’actuel veut que la manne financière lui revienne. Divagations direz-vous? Peut-être, mais sachez tout de même que dans les grands marchés publics, il est non seulement coutumier mais toléré par l’administration fiscale de l’existence des commissions, pour les rétrocommissions dont bénéficient surtout les politiciens ou leurs partis, les tours de passe-passes sont plus occultes et donc sujettes à des manquements de paiements. Et il arrive que les règlements de compte soient moins galants. L’illustration la plus pertinente est celle concernant l’attentat du bus de Karachi résultant de non-paiement de commissions sur un marché de sous-marins, mais auraient donné lieu à des rétrocommissions ayant servi à financer la campagne électorale d’un candidat.
Enfin, pour ce fameux marché de transport par câbles, fera-t-on acte de diligence et agir comme dans celui de Ravinala Airports ou entre gentlemen il n’y aura pas d’embrouilles, et va-t-on laisser malgré tout travailler Colas ? Autant de zones d’ombres qui restent à éclaircir. De toutes les façons , il est sûr que les « valises » doivent bien voyager en ces périodes d’élections.
M.Ranarivao