Cette chronique datant du lendemain de la victoire de Macron en 2017 donne aujourd’hui à réfléchir mais surtout rend compte de l’impossibilité de son rêve de « Big Bang politique » (sans gauche ni droite) du système politique français.
« Tu nous a bien eus, petit, pour la course au trône! Pendant que nous palabrions, que nous nous goinfrions, que nous nous vautrions sous le grand arbre, tu te cachais bien en haut comme un caméléon se confondant avec les branchages. Ton agilité de jeune babouin t’a permis de te percher là-haut sans trop te fatiguer. Et tu écoutais et observais tantôt à gauche et tantôt à droite nos disputes de dinosaures et retenant bien nos forces et nos faiblesses et tu te disais : « Causez, causez toujours! J’ai bien retenu ce que je dois dire et ce que je ne dois pas faire ». Tu as bien compris que pour être un bon pagailleur, il faut savoir un coup ramer à gauche et un coup ramer à droite. Mais les corbeaux propriétaires des lieux sont venus s’agglutiner autour de toi et t’ont obligé de descendre. Mais qu’importe, pour toi, la leçon est déjà bien apprise et tu étais fin prêt pour entrer dans l’arène, pour parvenir malgré ton âge à damer le pion à tout ce monde fatigué de leurs agapes. Et puis, tu imaginais les bons coups à faire et comment éviter les pièges tendus par ces vieux singes rassurés qu’on ne leur apprend plus (à ce qu’il paraît) pas à faire des grimaces.
La tactique que tu vas adopter se résume ainsi « En avant ! Marche ! Gauche- Droite ; Gauche-Droite… les yeux toujours fixés devant, vers la victoire. » Ton rythme va aller en s’accélérant pour semer d’abord les plus faibles c’est-à-dire les plus repus, puis les moins véloces pour enfin te retrouver face à face avec le moins usé (le moins ventrus) déjà aussi au bout du rouleau. Et la victoire est venue à toi comme dans cette course antique et épique que le fort en thème que tu as été à l’école a su appliquer.
Mais sache petit ! Que plus facile est la victoire, plus difficile sera de rester au sommet. Et de temps en temps, sache descendre de ton carrosse. Arrête ta marche et regarde à gauche, à droite, en bas, en haut et fais marche arrière s’il le faut. Il te faudra te convaincre que des fois, tu dois marcher à l’ombre, accepte-le en toute humilité et fais-en comme une nouvelle leçon à apprendre. Et surtout, retiens le conseil d’un vieux singe mais sage et n’ayant jamais voulu briguer un quelconque trône, il disait : « Si tu peux supporter d’entendre tes paroles / travesties par des gueux pour exciter des sots / et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles/ sans mentir toi-même d’un mot/… Alors tu seras…
Ces mots étaient à l’adresse d’une guenon, tirés du « Livre de La Jungle Politique »
M.Ranarivao