
L’acquisition de multiples marchés publics par un groupe de personnes apparemment liées entre elles constitue un indice sérieux détecté par le SAMIFIN.
L’an dernier, le favoritisme et le détournement de deniers publics à travers les marchés publics au niveau des ministères et des directions régionales sont en recrudescence. « On suspecte actuellement quatre ministères car on a reçu des dossiers de déclaration d’opération suspecte. Les investigations sont en cours. Les personnes mises en cause pourrait être ainsi le ministre lui-même en tant qu’ordonnateur ou le gestionnaire d’activité ou bien la personne responsable des marchés publics au sein de ce département », a déclaré Razaranaina Jean Claude, le directeur général du SAMIFIN (Services de Renseignements Financiers), lors de la présentation du bilan de cette entité pour l’année 2013 hier à l’ENMG à Tsaralalàna. Cet événement coïncide également avec la célébration du 6e anniversaire du SAMIFIN.
Propagande. Le coût des marchés en jeu s’élève à plus d’un milliard d’Ariary. Les adjudicataires des marchés publics sont souvent des sociétés écrans qui utilisent des prêtes-noms pour éviter d’apparaître dans les dossiers de passation de marché, le nom du bénéficiaire étant fonctionnaire. Raison pour laquelle, l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP) n’arrive pas à détecter les irrégularités car les dossiers sont conçus en bonne et due forme. « La personne suspecte utilise même le nom de son fils à son insu et qui pourrait être un étudiant à l’université. Nous la mettons ainsi en garde car son enfant risque fort d’être poursuivi en justice dans cette affaire de détournement de deniers publics », a souligné le directeur général du SAMIFIN. Il a également fait savoir que des entreprises ayant soutenu des candidats lors de la période de propagande bénéficient des marchés publics au sein des ministères, à titre de favoritisme. Les procédures de passation de marché sont également plus complexes. Ce qui incite les responsables à commettre des fraudes.
Fonctionnaire. C’est au niveau des transactions que le SAMIFIN découvre des suspicions de blanchiments de capitaux. En effet, le dit fournisseur bénéficiaire du marché public, qui n’est autre qu’un prête-nom, a obtenu un virement émanant du Trésor Public pour une somme importante vers son compte bancaire ouvert dans une banque primaire. Mais une autre personne accomplit toutes les opérations à sa place car elle ne désire pas apparaître dans le dossier de soumission à l’appel d’offre étant fonctionnaire. L’établissement de ce prête-nom n’existe même pas. Suite aux virements de la Paierie Générale, un virement atypique à titre de « remboursement » a été effectué en faveur d’une 3e personne. Entre temps, le fonctionnaire a effectué des retraits en espèce en ne dépassant pas le seuil de 10 millions d’Ariary ou viré les fonds sur son compte personnel ou ceux de ses complices.
Indice sérieux. En outre, le SAMIFIN découvre que certains marchés n’apparaissent pas dans la base de données de l’ARMP et les fonds utilisés pour l’exécution des marchés publics n’apparaissent pas dans les comptes bancaires. L’acquisition de multiples marchés publics par un groupe de personnes apparemment liées entre elles constitue également un autre indice sérieux détecté. Parlant de SAMIFIN, il ne dispose pas encore de bureau permanent puisque ses locaux ont été remis à l’ancien président Didier Ratsiraka. « La loi sur la lutte contre le financement du terrorisme vient d’être voté à l’Assemblée Nationale. Des dossiers sont déjà transmis au groupe EGMONT. On attend la commission d’évaluation en octobre prochain pour notre réintégration au sein de ce groupe. Il faut que Madagascar intègre également le Groupe Anti-Blanchiment de l’Afrique Orientale et Australe (GABAOA) », a conclu Razaranina Jean Claude.
Navalona R.