
Alors que l’indice de développement humain (IDH) progresse au niveau mondial, Madagascar reste enfermé dans un paradoxe inquiétant. Malgré une légère amélioration de son score, les inégalités internes s’aggravent, reléguant une large part de la population à la marge du progrès.
Le rapport préliminaire 2025 du PNUD sur le Développement humain 2025 met en lumière une situation préoccupante. En 2023, Madagascar occupe le cinquième rang le plus bas au monde en matière d’IDH, se classant 150e sur 166 pays, avec un indice de 0,529, bien en deçà de la moyenne régionale de l’Afrique subsaharienne (0,574) et de la moyenne mondiale (0,739). Ce score masque toutefois des réalités bien plus dures. Les inégalités internes annulent près de 28 % des gains de développement humain, selon le calcul de l’IDHI (Indice de développement humain ajusté aux inégalités). Cela signifie que la croissance enregistrée ne profite qu’à une fraction restreinte de la population. Les écarts sont particulièrement visibles en matière d’accès aux soins, à l’éducation de qualité et aux revenus décents.
Paradoxes
Le rapport souligne que la richesse tend à se concentrer, tandis que la majorité de la population reste piégée dans une pauvreté multidimensionnelle. À cela s’ajoutent des défis structurels marqués par la forte dépendance à une économie informelle, la vulnérabilité face aux chocs climatiques, et le faible accès aux services de base dans les zones rurales. Autre paradoxe : le niveau de scolarisation s’est amélioré sur le papier, mais la qualité de l’éducation reste insuffisante. De même, l’espérance de vie s’élève à 64,8 ans, mais la malnutrition chronique et les difficultés d’accès aux soins affectent durablement la santé des plus vulnérables. Cette situation met en évidence la nécessité d’une croissance inclusive, axée sur la réduction des inégalités. Dans son rapport, le PNUD recommande une approche intégrée, fondée sur des politiques sociales ciblées, le renforcement des filets de sécurité, la mobilisation des investissements publics pour les infrastructures sociales, et un meilleur équilibre territorial. Face à ces constats, le défi majeur de Madagascar n’est plus uniquement de croître, mais de mieux répartir les fruits de cette croissance. En effet, le développement humain ne peut se résumer à une courbe ascendante. Il doit se traduire par une amélioration réelle des conditions de vie pour tous.
Antsa R.


