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mardi, décembre 23, 2025
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DIANA-2025 : Une année sombre

Les ouvriers de la Secren en grève depuis un mois.

Le début de l’année a été particulièrement arrosé dans le nord de Madagascar, bien que le cyclone Dikeledi n’ait fait que frôler la région. Les élections municipales du 11 décembre 2024 ont été entachées de graves irrégularités, s’apparentant à un véritable hold-up électoral. La manœuvre est restée opaque, tandis que les foyers subissaient des délestages répétés.

Le mois de l’amour a été marqué par de fortes tensions entre les Diegolais et les autorités locales. Le 10 février 2025 restera gravé dans la mémoire collective. La bravoure de Radovola Rakotobe a ravivé les braises de la révolte. Le régime a cru pouvoir éteindre un feu qu’il jugeait doux. La ville du Varatraza est restée silencieuse, tandis que la diaspora se permettait de donner des leçons. Les « fallait pas baisser les bras », « protégeons nos voix » défilaient sur les fils d’actualité de pages telles que Ino Vaovao Diego.

« Antsiranana añabo loha », « Antsiranana la tête levée » se sont toutefois révélées fragiles, puisque les habitants ont été roués de coups, parfois par leurs propres intendants, ceux qui obéissent aveuglément au pouvoir central.

Entre-temps, les ministres ont multiplié les descentes sous couvert de l’élaboration de projets. En réalité, ils étaient surtout chargés de surveiller de près l’évolution de la situation. Dans l’intention de « pacifier » le périmètre — ou plutôt de plaire au chef du gouvernement dont la région est originaire — les exécutants ont organisé diverses activités. Ainsi, le septentrion s’est progressivement métamorphosé en véritable laboratoire politique.

Avaratra s’est agenouillé, malgré son paysage.

Diego-Suarez a par ailleurs accueilli plusieurs personnalités étrangères. Le Japon, l’Inde et la France, à travers leurs ambassadeurs, ont renforcé leurs liens avec la capitale du Nord. Ces pays adoptent une stratégie s’appuyant sur des arguments historiques, où les références au passé justifient subtilement une forme de domination culturelle. Naturellement sensibles à cette éloquence, les hauts dignitaires locaux acceptent toutes sortes de négociations. La position géostratégique de la pointe de la Grande île n’a plus besoin d’être démontrée. Cette contrée suscite l’intérêt de nombreuses puissances étrangères, certaines ambitionnant de transformer la cité en satellite stratégique de la zone sud-ouest de l’océan Indien.

Le secteur touristique, lui, bat son plein. Des paquebots ont jeté l’ancre au port. Les euros et les dollars ont afflué. Toutefois, seule une frange de la population en bénéficie réellement. La crise continue de ronger la masse populaire : le prix du kapoaka de riz a grimpé, le taux de chômage frôle le zénith, la tension est palpable. Heureusement, beaucoup comptent au moins un membre de la famille à l’étranger. Dieu seul sait les sacrifices consentis pour subvenir aux besoins de la lignée familiale, de peur que la branche généalogique ne se rompe.

Europa a jeté son ancre le 4 décembre dernier.

Contrairement à toute logique, ces débiteurs malgré eux se déclarent admirateurs de Vladimir Poutine, alors que la plupart n’ont jamais touché un billet de rouble. Avec la démocratisation de l’accès à la TNT, les Diegolais, influencés par des chaînes en phase d’essai technique, suivent de manière impulsive les discours fantaisistes d’apprentis journalistes. Sans doute ont-ils confondu le tricolore bleu-blanc-rouge vertical avec le blanc-bleu-rouge horizontal. Pourtant, Français ou Russes, cela reste du « bonnet blanc, blanc bonnet ».

Après les vidéos de Djaovojozara, qui ont ravivé l’espoir de la population, ses proches et sa famille ont mené une protestation non violente le 17 mai. Les manifestants ont pointé du doigt les autorités locales, les accusant d’avoir suspendu une véritable épée de Damoclès au-dessus de la tête du premier magistrat de la commune.

« Ils ont peur que le maire de Diego-Suarez pose sa candidature aux législatives. Alors, ils ont tout fait pour l’en empêcher. De surcroît, il a été convoqué à Antananarivo, alors qu’Antsiranana relève du Pôle anticorruption de Majunga. N’ont-ils pas confiance aux juges de cette région ? », martèle René Rasolofo.

Ce premier semestre s’est achevé par une célébration timide de la fête nationale, durant laquelle l’estrade a été installée sans grande ferveur sur la place de l’Indépendance.

Entre juillet et août, les entrepreneurs culturels ont temporairement apaisé les tensions à travers des événements festifs. De Nosy Be à Ambilobe, en passant par Anketrakabe, les festivals ont mis en liesse les amateurs de fête. Personne n’aurait imaginé qu’à la fin du mois de septembre, la colère populaire viendrait secouer le grand arbre orange. En réalité, les parents s’inquiétaient déjà pour leurs enfants : la rentrée scolaire rimait avec galère — « où trouver de l’argent pour les frais et fournitures scolaires ? ».

Le vendredi 25 septembre 2025, ce qui devait arriver arriva. En feu, Diego-Suarez s’est rangée aux côtés de ses compatriotes tananariviens. Le bilan est lourd : une vingtaine de blessés et trois morts. Le 26 septembre, une journaliste a également été blessée. Après une lourde opération, la consœur Juvaniah Reny a survécu. Trois jours plus tard, le directeur régional de la Communication et de la Culture a démissionné, rejoignant le mouvement de contestation porté par la Gen Z.

Le dénouement semblait écrit d’avance. Le colosse aux pieds d’argile, Andry Nirina Rajoelina, s’est effondré en l’espace de deux semaines. Le mardi 14 octobre, date symbolique coïncidant avec la proclamation de la Première République de Madagascar, l’homme fort, le colonel Michaël Randrianirina, a prêté serment dans la grande salle de la Haute Cour constitutionnelle à Ambohidahy. Depuis leurs salons, les Antsiranais — en particulier les jeunes — ont applaudi avec émotion.

L’effroi a ressurgi le samedi 1ᵉʳ novembre. Un conflit a éclaté entre les étudiants de l’UNA et des adolescents du quartier Lazaret. L’affrontement a viré au drame : un garçon de 16 ans a succombé et plus de trois blocs de logements ont été incendiés.

En définitive, l’année 2025 aura été tumultueuse pour les Tavaratra.

Iss Heridiny

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