
Madagascar se veut résolument moderne. La Grande île tend à opter pour le développement économique et social dans le cadre de la technologie. Toutefois rien n’indique que sa réalisation sera aisée. La pandémie a conscientisé ses citoyens de retourner à la source, à la tradition.
Samedi dernier, à Ambanja, un gardien de la tradition a été intrônisé par les conservateurs et les autorités locales. Tsanganolobe, tel est le nom attribué à Stanislas Botomanga. Il sera le médiateur entre les habitants de la Sambirano et les autorités compétentes de la localité.
Ces dernières décennies, les habitants de la région ont majoritairement tourné le dos à la tradition. Comme si cette dernière n’avait pas été, en un sens, à ses origines, une forme de développement. Sous l’effet de ce bouleversement, les us-et-coutumes perdent de plus en plus leur caractère spirituel. Autrefois, le sacré était omniprésent, les actes du culte imprégnaient la vie quotidienne dans son ensemble. En effet, la modernité tend davantage à séparer les moments de culte des moments laïcisés.
La population bouleversée, évoluant dans un monde en pleine mutation, va se trouver atteinte encore dans l’un des aspects les plus fondamentaux de son existence, c’est-à-dire la conscience de sa destinée, le sens de l’histoire. Elle écartera tous les autres moyens traditionnels de connaissance, transe, intuition irrationnelle et transmission initiatique par le moyen de fidélités personnelles. Le processus de l’existence du monde se modifie. On pouvait jusqu’alors le repérer à travers une sorte d’écheveau où les fils se recoupaient, s’entrecroisaient, se retrouvaient les uns dans les autres ; désormais ce réseau est réduit à une ligne continue. L’histoire traditionnelle était presque extra temporelle. Elle prenait la forme de mythes ou de légendes afin d’expliquer les vicissitudes de la société.
Recueillis par Iss Heridiny