La cherté de la vie étouffe les habitants de la région Diana. Un problème majeur qui provoque les chuchotements dans les ruelles des quartiers défavorisés. Depuis trois semaines, le prix du riz, alimentation de base des Malgaches, connaît une hausse vertigineuse. Si le kapoaka coûtait auparavant entre 400 et 500 ariary, il se vend aujourd’hui à 1.000 ariary. Dès lors, des photos ont été publiées sur les réseaux sociaux. Une manière efficace, pour alerter le gouvernement.
« Comment allons-nous manger? ». Telle est la question posée par une mère de famille avec une voix désolante. Effectivement, l’argent n’a pas d’odeur, dit-on. Les marchandises, elles en ont une ! Elles ont leur odeur qui naît sur l’étal du commerçant. . . Elle étouffe les porte-monnaies…
Tirer du péril. Face à cette situation, l’État malgache décide de prendre les choses en main en important du riz en quantité énorme. La population de Diana n’est pas en reste. Le bateau accosté au port d’Antsiranana, la semaine dernière, a transporté les 510 tonnes de riz qui seront étalées un peu partout dans les marchés des cinq grandes villes de la région et les districts environnants. « Le riz est arrivé à temps », a affirmé un monsieur qui venait de s’approvisionner en « vary tsinjo ». Néanmoins, cette initiative n’est pas une solution à long terme. Les ruraux n’en tirent pas profit. Ravagé par les cyclones, le tiers de leurs cultures ne sont pas vendables. Les paysans ne peuvent pas subvenir aux besoins de la population urbaine. Souvent négligés, ces derniers jettent leurs bêches et emballent leurs bagages pour aller en ville et s’y installer. Quant aux pasteurs aux maigres bétails, ils voient leur cheptels décimés. Par conséquent, la crise perdure, le peuple maigrit. On a tendance à oublier l’existence des autres produits de première nécessité. Certes, l’État fait tout ce qu’il peut en fixant des prix maxima. Mais le citoyen lambda ne parvient toujours pas à acheter les marchandises qui lui sont nécessaires au quotidien. En ce mois de ramadan, les Mahométans malgaches se plaignent. Le sucre, la farine, les pâtes et les nouilles sont également en hausse considérable, alors qu’il reste encore trois semaines de jeûne. Ces temps-ci, le carburant se fait rare dans les stations d’essence. Les tuk-tuk de la ville du pain de sucre font la file … Les conducteurs perdent patience parce qu’ils ratent les heures de pointe.
« Pleurer en silence », comme disait un poète urbain français. Oui, les joues des plus démunis sont inondées de larmes. Martelés par les coûts des denrées alimentaires, selon eux, ils se sentent oubliés par les autorités compétentes. Bien que leurs têtes se penchent, ils agissent en attendant les réactions venant de celles-ci. Perdre espoir, c’est hors de question ! Il faut avancer malgré le ventre creux.
Comme dans toutes les régions de la Grande île, Diana souffre. À la dernière ligne droite du mandat présidentiel, le peuple s’essouffle ! Si la crise était un arbre, elle s’est enracinée depuis 2020. Désormais, elle a une écorce épaisse avec des branches ramifiées dans tous les sens. Il est difficile de croire que l’État n’entend pas ces voix qui crient famine. Il réagit à sa manière. « En tant que raiamandreny, il est de son devoir de venir au chevet de sa population », a avancé un politologue. En somme, la crise n’a épargné aucun pays de la planète bleue. Jusqu’ici, la population mondiale se serre la ceinture sur une taille qui rétrécit de jour en jour.
Iss Heridiny