Une nouvelle version du dictionnaire DEBU ou Dictionnaire d’éducation bilingue usuel est disponible à Madagascar. Il s’agit d’une version en format de poche, plus simple et pratique, conçue pour l’usage de tous, du dictionnaire malgache-français édité en version de luxe, selon sa conceptrice Mathilde Deverchin-Rakotozafy.
Ce dictionnaire est un outil pédagogique qui s’adresse à tous les Malgaches qui veulent découvrir le français ou progresser dans cette langue, rappelle cette professeure d’université diplômée en linguistique dans le domaine de la didactique, la pédagogie et la traduction.
L’idée du dictionnaire bilingue lui est venue suite à la politique de malgachisation qui a entraîné une grande perte de l’usage de la langue française dans les années 1972-1975. Elle a fait une première approche dans sa thèse de 3e cycle qui parlait de la pratique du français à Madagascar et de la réforme de 1972 et y parle des « sacrifiés » de la malgachisation. Son objectif premier était de les épauler et de leur donner un moyen de passer à une pratique plus juste et correcte de la langue française parce que les lacunes étaient assez frappantes.
Pour ce faire, une étude très approfondie des erreurs que faisaient les Malgaches, et une thèse soutenue en 1985 sur l’analyse contrastive des deux langues pour mettre en exergue tout ce qui les oppose a été faite. Le dictionnaire est conçu de façon à mettre un accent sur toutes ces différences, les difficultés rencontrées par les Malgaches à parler la langue française sans s’appesantir sur les notions de grammaire, utilisant uniquement les grandes notions universelles.
Le dictionnaire comprend près de 8 000 mots malgaches extraits dans la langue usuelle, traduits dans un français de tous les jours, assortis d’une centaine d’illustrations pour rendre la lecture plus agréable.
La conception du dictionnaire lui a pris à peu près 5 années. Une enquête précise auprès des interlocuteurs malgaches sur les mots les plus utilisés et les expressions les plus populaires a également été entreprise. Elle a validé auprès des enseignants malgaches tous les termes retenus pour ce dictionnaire et s’est concerté avec le ministère de l’Education nationale malgache pour savoir dans quelle mesure un tel ouvrage pourrait rendre service à l’enseignement malgache. Elle a obtenu un financement de l’OIF, l’Organisation internationale de la francophonie grâce à l’appui des décideurs malgaches. L’OIF a financé le projet lorsqu’elle a trouvé la maison d’édition Hachette. De l’entente entre l’OIF et l’édition Hachette est ressortie l’édition, la publication et la distribution à titre gracieux de 20 000 exemplaires de la première édition de ce dictionnaire dans des écoles malgaches.
La nouvelle version, moins encombrante en termes de règle grammaticale, sera plus accessible en matière de prix selon les explications puisqu’elle coûtera le tiers de son prix initial avec le même contenu. Elle sera disponible à la librairie Saint-Paul mais également dans d’autres points de vente tels que Leader Price ou Jumbo Score.
De passage à Madagascar, l’auteure de ce dictionnaire malgache-français organise d’ailleurs une séance de présentation de l’ouvrage à la librairie Saint-Paul Analakely le samedi 20 août prochain en début d’après-midi. Elle sera suivie d’une séance de dédicaces.
Hanitra Andria