
L’ancien président n’a pas caché ses inquiétudes quant aux risques encourus dans l’organisation d’élections sans une véritable réconciliation comme préalable.
Y aura-t-il élection en novembre de cette année ? La question divise l’opinion publique en général et le microcosme politique en particulier. Du côté de l’AREMA qui vient de célébrer son 42e anniversaire au « Kianjan’ny Kanto » à Mahamasina, on roule pour une véritable réconciliation nationale avant toute élection. Cet anniversaire a rassemblé beaucoup de monde samedi dernier. Diverses personnalités politiques dont le président de l’Assemblée nationale Jean Max Rakotomamonjy, l’ancien président du Sénat Honoré Rakotomanana, des anciens ministres ainsi que l’ambassadeur du Sénégal à Madagascar ont répondu à l’invitation de l’AREMA. L’ancien président, non moins fondateur du parti, Didier Ratsiraka, n’a pas raté l’occasion pour réitérer que la réconciliation nationale devrait passer avant toute élection. « Nous pouvons rapidement développer ensemble notre pays si nous arrivons à nous entendre sur cette réconciliation nationale. », a-t-il déclaré. Cette déclaration de l’ancien président a été précédée de celle du secrétaire national adjoint de l’AREMA pour la province d’Antananarivo, le Pr Ange Andrianarisoa, qui a martelé : « Pour notre parti, toute précipitation dans l’organisation des élections comporte des risques. Dialoguons et concertons-nous d’abord avant d’y aller. Pour l’AREMA, outre la réconciliation nationale, la lutte contre l’insécurité est urgente. » Didier Ratsiraka a rappelé samedi dernier le bilan de l’AREMA durant ses mandats à la tête du pays. « Ce n’est que 40 ans après notre mariage que nous avons pu construire notre maison à Ambodiatafana. Actuellement, mon fils est chauffeur de taxi à Paris. Nous n’avons pas de 4×4. Nous n’avons pas détourné les biens publics. Au contraire, nous avons vendu en 2015 des patrimoines familiaux pour pouvoir contribuer à la concrétisation de la réconciliation nationale. Comment pouvez-vous dire que nous avons volé durant nos mandats ? », a-t-il entre autres révélé.
Logique de troubles. Indépendamment de ce qu’ont annoncé samedi dernier les barons de l’AREMA, force est de constater que la situation actuelle nous met dans une logique de troubles, voire d’affrontements. Les bras de fer engagés autour des projets de loi organique sur les élections risqueraient de compromettre le processus électoral auquel la CENI accorde une attention particulière, et où elle a déjà beaucoup investi, notamment dans l’établissement de la liste électorale. Le Parlement (Assemblée nationale et Sénat) vient d’entamer sa troisième session extraordinaire. Il ne reste pour l’Exécutif que six voix pour que la majorité absolue requise par la Constitution pour l’adoption des deux projets de loi organique relatifs au régime général des élections et des référendums et à l’élection du président de la République soit atteinte. De l’autre côté, le TIM et le Mapar ainsi que de nombreux députés indépendants continuent d’afficher leur détermination à s’y opposer. Mais, les députés pro-régime brandissent déjà l’article 89 de la Constitution qui dispose en son alinéa 4 : « Si l’Assemblée nationale n’a pas adopté le projet de loi organique avant la clôture de la session, les dispositions dudit projet peuvent être mises en vigueur par voie d’ordonnance, en y incluant, le cas échéant, un ou plusieurs amendements adoptés par une Assemblée. » Une autre option serait envisagée et envisageable : le statu quo ante. C’est-à-dire que le code électoral de 2012 (Loi organique n°2012-005) continuera à régir les prochaines élections.
- R. Eugène