
Environ 10 millions de personnes pratiquent la défécation à l’air libre à Madagascar, faisant de l’accès aux toilettes décentes et aux infrastructures d’assainissement de base, un problème majeur touchant la majorité de la population, notamment en milieu rural où la situation est encore plus précaire.
Le faible accès aux toilettes décentes est un phénomène persistant à Madagascar, avec des conséquences graves sur la santé publique, la dignité et la sécurité, en particulier des femmes et des filles. Au niveau mondial, 2,4 milliards d’individus vivent sans toilettes. A l’occasion de la journée mondiale des toilettes, célébrée le 19 novembre depuis maintenant 24 ans, le problème d’accès aux toilettes est abordé sur divers espaces publics. L’objectif est de sensibiliser le grand public sur les questions relatives à l’hygiène et à l’assainissement, et de plaider en faveur de l’égalité d’accès aux toilettes pour les femmes ainsi que des aménagements spéciaux pour les personnes handicapées.
La problématique porte un enjeu de santé publique conséquent dans la mesure où le faible ou le non-accès aux toilettes décentes est à l’origine de diverses maladies, notamment les maladies diarrhéiques affectant en grande partie les enfants. Selon la direction générale de l’OMS, l’absence de toilettes au domicile de nombreux foyers, a un impact important sur la santé et sur le développement. A Madagascar, environ un tiers de la population, autrement dit environ 10 millions de personnes, pratiquent encore la défécation à l’air libre.
Progrès trop lents
Face à ce défi, Madagascar a vu la mise en place de plusieurs programmes et projets avec le concours de partenaires internationaux, visant à améliorer l’accès à l’assainissement de base et à la promotion des latrines domestiques améliorées. De même, des actions sont menées en faveur de la promotion des codes municipaux d’hygiène et de la mise en place de systèmes de gestion des déchets. Dans le long terme, l’objectif est de faire en sorte que chaque ménage dispose d’une latrine améliorée afin d’éliminer la défécation à l’air libre. Toutefois, à l’heure actuelle, les progrès en matière d’accès aux toilettes et aux infrastructures d’assainissement sont jugés trop lents. Les inégalités persistantes entre les zones rurales et urbaines restent un défi majeur, et même en milieu urbain, des inégalités sont flagrantes dans la mesure où la majorité des habitants de certains quartiers peuplés ne disposent pas de toilettes décentes. Ils ont alors recours à des méthodes insalubres, telles que le rejet des excrétas dans les canaux publics d’évacuation des eaux. Cela favorise la prolifération des germes et le développement de maladies. La situation s’aggrave lors de phénomènes climatiques tels que les cyclones et les inondations, qui décuplent la propagation de micro-organismes, d’origine fécale, transportés par les eaux et provoquent des maladies diarrhéiques ou des dermatoses. Autrement dit, la problématique de l’accès à l’assainissement reste à résoudre de manière plus efficace et durable — une mission impossible sans l’allocation de budgets conséquents en faveur de ce secteur.
Hanitra R.





