
Faciliter la fourniture de services publics et épargner les citoyens malgaches de la lourdeur administrative qui fait la renommée de notre administration, tel serait en gros l’objectif principal du projet de digitalisation mené par l’Etat.
L’Etat semble être bien lancé pour concrétiser le projet de digitalisation de l’administration publique. Et les défis ne sont pas des moindres. Outre les capacités des agents de l’administration – surtout des communes lointaines et enclavées – à maîtriser les nouvelles technologies de l’information et de la communication, il y aurait également les problématiques relatives à l’accès à l’électricité ou à la couverture énergétique. Les dernières statistiques révèlent que seuls 15% de la population malgache sont raccordés à un réseau électrique. Un manque chronique se constituant comme un frein au développement du pays, mais surtout à l’épanouissement de la population. Interrogé sur la question, Balisama Andriantseheno, coordonnateur général auprès du Programme de Réformes pour l’Efficacité de l’Administration (PREA) lors d’un point de presse en marge de la communication sur le transfert de subventions aux communes dans le cadre du Projet d’Appui à la Performance du Secteur Public (PAPSP) de noter « si nous perdons notre temps à citer les problèmes de ce pays, nous n’allons pas avancer. Bien sûr, les défis existent mais pour nous charger des réformes, à chaque problème il y a une solution ». Notre interlocuteur de prendre comme exemple l’accès à l’électricité « les solutions techniques existent pour doter les communes d’électricité. Le pays dispose de ressources énergétiques propres comme le soleil, le vent ou encore l’eau qui n’attendent qu’à être exploités ». Avant de poursuivre « nous ne pouvons pas attendre que la Jirama arrive à assurer une couverture énergétique totale du pays pour agir. Le temps presse, le deadline de deux ans avance ». La couverture internet suivrait de près l’accès à l’électricité dans la liste des défis à relever par le PREA dans la réalisation de cet ambitieux projet.
Perception. Le principe de digitalisation est encore difficilement compréhensible pour de nombreux Malgaches. Les avis divergent sur la question et vont d’une simple informatisation de l’administration à une tentative pour l’Etat de contrôler encore plus les citoyens. « Dans le cercle administratif, l’on est encore à l’idée de dotation d’ordinateurs de tous les bureaux », déplore Balisama Andriantseheno. Une idée qui n’est toutefois pas fausse lorsque l’on voit à quel point les bureaux administratifs sont sous-équipés. Les faits sont pourtant là, la digitalisation de l’administration pourrait être bénéfique pour les citoyens et l’Etat lui-même. D’un côté, le premier sera débarrassé des difficultés relatives à la jouissance des services publics. La différence serait palpable lorsqu’il ne serait plus question pour un citoyen de faire la queue durant toute une journée, et fournir trois ou quatre papiers administratifs pour jouir d’un acte comme la copie d’état-civil. De l’autre, l’Etat disposera d’une importante base des données automatiquement à jour. Des outils d’aide à la décision devant lui permettre d’orienter ses actions et activités de développement. Disposer d’une base des données unique sur le système d’état-civil permettra par exemple à l’État d’épargner des millions, voire des milliards d’Ariary affectés aux processus de mise à jour des listes électorales, ou encore au dénombrement de la population. La digitalisation devrait également permettre à l’Etat d’asseoir, petit-à-petit, la bonne gouvernance tant criée et promise par les dirigeants malgaches. Comme digitalisation rime avec dotation d’ordinateurs dans les services publics, espérons juste que les agents s’attèlent plus à leur travail qu’à des parties de solitaire.
José Belalahy