Trois quarts de la population à Madagascar n’ont pas accès à des toilettes aux normes. Soit ils pratiquent la défécation à l’air libre, soit ils utilisent des toilettes insalubres, ou des pots de chambre dont ils vident le contenu chaque jour dans les canaux publics d’évacuation d’eaux usées. Une pratique d’un autre âge pour ceux qui ne vivent pas ces réalités locales.
Dignité et santé
La question semble être une évidence : tout le monde a droit à l’usage de toilettes propres et aux normes. Seulement, les réalités sont tout autres. Les ménages disposant de toilettes décentes sont une minorité à Madagascar. La grande majorité des populations rurales font leurs besoins dans des structures ne respectant pas les normes, ou alors se soulagent dans la nature. La dignité et la santé s’en trouvent affectées.
La crise de l’eau, qui tend à perdurer, n’est pas pour arranger la situation. Comment espérer alors un début de changement, ce mot étant d’actualité en ce moment, si les moyens ne suivent pas ? Le budget de 474 milliards d’ariary alloué au secteur Eau-Assainissement-Hygiène (EAH) dans le PLFI 2026, 168 milliards d’ariary de plus qu’en 2025, est déjà un bon début selon certaines organisations de la société civile, bien que les besoins réels soient encore largement plus élevés pour faire bénéficier à tous des installations décentes en matière d’assainissement. Car le secteur EAH a longtemps souffert d’un sous-financement chronique, freinant ou entravant la concrétisation de projets conséquents en faveur de l’accès à l’eau et à l’assainissement, dont les toilettes décentes. Ces projets d’infrastructures d’assainissement sont, en majeure partie, soutenus par les partenaires financiers internationaux. L’urgence actuelle de la résolution de la crise liée à l’accès à l’eau potable ne fait pas de la crise liée à l’assainissement un problème moins important. Bien au contraire, il s’agit d’une problématique transversale nécessitant des solutions à la hauteur du défi.
Hanitra R.





