
La décision du Corps d’Administration des Personnels et des Services de l’Armée de terre à Soanierana Antananarivo, le samedi 11 octobre dernier, a davantage exhorté les manifestants d’Antsiranana à continuer la lutte.
Tout d’abord, le vendredi 10 octobre, la Gen-Z de Diego, les étudiants de l’Université, la majorité silencieuse, le député Ibrahim Charles Issa, alias Bora Réglage et le leader du Directoire de Refondation Nationale, Pr René Rasolofo, se sont donné rendez-vous sur la Place du 13 mai d’Antsiranana. Une série de discours a été entendue, notamment celle des présidents d’associations des étudiants de l’UNA et du représentant des chauffeurs de tuk-tuk. En outre, le député de Madagascar élu à Antsiranana I a pris la parole après avoir été acclamé comme un roi. « Le vice-président de l’Assemblée nationale, Jack, et moi-même nous sommes entretenus avec le président de la République. Il s’est avéré qu’une fausse information a été communiquée concernant le décès de Rivaldo. Le chef de l’État nous a précisé que l’auteur du rapport à l’origine de celle-ci était un ministre déjà limogé lors de la dissolution du gouvernement », raconte l’homme fort de la ville du Pain de sucre. Malgré les remords du locataire d’Iavoloha, la population reste exigeante, « Peu importe, miala Rajoelina ».
Le moral est au zénith. Le lendemain vers 15h, les protestataires ont fait le tour de la ville. Les jeunes avaient le sourire aux lèvres. Ils ont l’air très confiants. « Avant de rejoindre mes camarades, j’ai vu l’annonce du CAPSAT. Ce n’est plus qu’une question de temps. Il sera renversé. Nous sommes fatigués de le voir tout le temps à la télé. Il a détruit ce pays. Il n’a rien réalisé de concret. Alors, qu’il parte. Pour moi, il n’est plus le président », a exprimé Derrick, un jeune de Tanambao V. Dans les ruelles, les citoyens ne parlent que de la déclaration. Au marché, les militaires censés surveiller le périmètre se sont également recroquevillés sur leurs téléphones regardant attentivement la situation à Soanierana. Bien qu’une petite dissension entre les forces de l’ordre et les universitaires ait eu lieu au croisement Y Morafeno le mercredi 8 septembre, il faut tout de même se rappeler que les personnels de la sécurité, composé de l’armée et des policiers de Diego, a toujours été au côté des manifestants. « Ils ont tout à fait leur raison. Ils réclament leurs droits fondamentaux », dixit l’un d’entre eux.
À la Résidence – Place Kabary. Le gouverneur de la Région DIANA Taciano Rakotomanga, le mercredi 8 septembre, a réuni les responsables régionales de l’Éducation nationale, les directeurs d’établissements dans le but de redémarrer les activités pédagogiques. En sus, il a tenu un point de presse dans son bureau. Le numéro Un de la DIANA s’est avoué convaincu de la réaction de la Gen-Z de Diego. « Ils peuvent manifester. Mais, toutes formes de violence est condamnable. » Toutefois, M. Rakotomanga s’avère insensible vis-à-vis des attaques et des indignations sur le réseau social Facebook. En effet, il est passé d’une personnalité « la plus populaire » en persona non grata de sa localité.
Du reste, la Résidence Place Kabary semble être un bâtiment désaffecté. Les portes sont fermées. Un sentiment de déjà vu, d’après les aînés qui ont été des témoins oculaires de la crise post-électorale en 2002. « Nous avons vécu un contexte similaire du temps du regretté Jean Robert Gara », se souvient Yves Tombo, un analyste politique local. Apparemment, la peur se ressent dans l’édifice.
Les directeurs régionaux. Les choses ont pris une autre tournure depuis la démission du directeur régional de la Communication et de la Culture Fabio Tinogny alias, Momo Jaomanonga, le mercredi 29 septembre. La décision a été tantôt ironique tantôt critiquée par le parti Orange, mais ovationnée par une grande partie de la population. À 20h, le président de la République dissout le gouvernement. Les inquiétudes ont commencé à peser sur les représentants des ministères de la DIANA. Ils continuent de gérer les affaires ordinaires en attendant que tout bascule. Si certains essaient d’être optimistes, d’autres sont dévastés.
Antsiranana est l’une des villes qui prouve sa détermination. Elle a trop encaissé. Désormais, elle extériorise sa colère. Sa population n’a guère l’intention de céder. Le mot d’ordre est clair : « La démission immédiate d’Andry Nirina Rajoelina ». « Nous n’allons pas arrêter la manif tant qu’il ne plie pas bagages. »
Iss Heridiny