
A Anjozorobe, les attaques des « dahalo » terrorisent la population. Et parfois, les forces de l’ordre elles-mêmes sont aussi terrorisées.
Depuis le mois de décembre de l’année dernière, les effectifs des zébus dérobés par les « dahalo » dans le District d’Anjozorobe a atteint les 1600 têtes. C’est ce qu’a affirmé Harilalao Marie Hortense Ranivosoa, Chef de district d’Anjozorobe. Depuis, l’insécurité a vraiment fait rage dans cette partie, selon les témoignages. Et les « dahalo » étant armés jusqu’aux dents, quand ils passent à l’acte, tuent et blessent tout ceux qui se mettent à travers leurs chemins. «C’est surtout dans la partie Ouest dudit district que la recrudescence de l’insécurité se fait réellement constatée. Ce, car cette partie est la plus proche des districts d’Ankazobe et de Tsaratanàna, les principales destinations des « dahalo » pendant leurs actes», poursuit la première responsable du district d’Anjozorobe.
3 à 4 fois… En effet, selon toujours les explications, ces « Malaso » osent même attaquer en plein jour. Parmi les plus graves attaques est celle qui a eu lieu à environ 7 km du centre ville, plus précisément dans le village d’Ampanataovana, fokontany Befiaranana. A l’issue de laquelle, le président du « fokontany » et son frère ont perdu la vie, tués par les « dahalo ». Et la plus récente et en même temps la plus violente est celle qui s’est passée dans le fokontany d’Ankivamarina, CR Amboasary Nord. 18 hommes armés de fusils de chasse, de kalachnikov, de sabres, ont dérobé plus de 180 têtes de zébus et ont décapité un bouvier. Trois autres personnes ont été également blessées suite à cette même attaque, selon le témoignage de Philippe Roger Rakotonoely, Maire dans ladite commune. «Les populations sont trop terrorisées. Parfois, les « dahalo » passent même 3 à 4 fois dans un même village», se plaint pour sa part le Chef de district.
«Dina tsy manavaka». Par ailleurs, les populations locales se plaignent également de la réticence des forces de l’ordre qui tardent à intervenir lors des attaques. «Parfois même, elles reculent lors des accrochages». Harilalao Marie H. R. n’a pas nié ce fait. Cependant, elle a tenu à expliquer que cela peut être dû au fait que les « dahalo » utilisent parfois des armes plus puissantes et plus nombreuses que celles des forces de l’ordre. «C’est un peu honteux, mais c’est la dure réalité», poursuit-elle. Pour toutes ces raisons, un «Dina tsy manavaka » y est en cours d’élaboration. Celui-ci consiste surtout à lutter contre la recrudescence de l’insécurité. Ce pacte communautaire a été donc présenté aux différentes autorités locales, en l’occurrence, les chefs de 175 « fokontany », les maires des 18 communes rurales d’Anjozorobe, les hommes politiques,… au Centre Social de l’FJKM Anjozorobe, hier. «Suite aux appels de détresse presque tous les jours des « fokonolona », des présidents des « fokontany », et des maires, nous au niveau du district, avons pensé qu’il serait sage de mettre en place un « dina ». Ainsi, toute la population a été invitée à rassembler et confronter les idées jusqu’à en avoir un document dans lequel sera inscrit le dina», rajoute la Chef de district.
Homologuer. Celui-ci fera l’objet d’un atelier pendant quelque temps avant de pouvoir être homologué à la fin. A ce sujet, Serge Zafimahova, Président d’honneur du Club de Développement et Ethique (CDE) a confié : «A l’issue de notre première expérience à Bongolava et suite aux appels de ce District, nous avons également décidé de fournir notre aide aux populations d’Anjozorobe. Nous avons ainsi pris en main l’homologation de ce « dina », vu que les gens éprouvent une certaine réticence quand il s’agit de consulter les forces de l’ordre et le Tribunal qui sont pourtant les seuls chemins pour arriver à l’homologation». Cette étape prendra un peu de temps. Toutefois, ce pacte peut quand même être appliqué, mais en toute prudence, selon les explications. Le but de cette homologation est de veiller à ce que les éventuelles sanctions prises par la communauté de base n’outrepassent pas les lois en vigueur et respectent les Droits de l’Homme. Bref, à Anjozorobe, tous ceux qui seront à l’origine de troubles ou d’actes de banditisme seront désormais passibles d’une sanction sévère venant de la population,… ou le «Dina tsy manavaka». Tout cela pour faire de la lutte contre l’insécurité une priorité.
Arnaud R.