L’Assemblée nationale en session extraordinaire examine le projet de loi organique sur la décentralisation. L’un des points qui partagent les députés est le statut de la capitale. Le projet prévoit la création de six mairies d’arrondissement pour la Ville des Mille ayant chacune le rang de commune urbaine de première catégorie. Les discussions ne sont pas closes. De grandes mouvances politiques comme la mouvance Ravalomanana y trouvent plus d’inconvénients que d’avantages. Globalement, il ne serait pas dans l’intérêt de la ville de se voir morceler de la sorte dans ses pouvoirs.
Diviser pour régner
La capitale est un tremplin électoral. Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana sont passés par les élections de la mairie de la capitale avant de marcher sur les tapis rouges des palais d’Ambohitsorohitra et d’Iavoloha. Une mairie communale réduite à la dimension d’arrondissement n’aura plus la même capacité d’influence politique qu’auparavant. Bien au contraire, le «saucissonnage» risque d’entraîner des rivalités politiques qui sont loin de pouvoir apporter un apaisement politique et social et partant, un développement harmonieux de la ville. Lorsque chaque maire agira selon le désir et la volonté de ses électeurs, il se peut qu’il réalise des projets qui ne seront pas en cohérence et en harmonie avec ceux des autres maires. Les députés se méfient du chacun pour soi qui « divise pour régner », pouvant mettre en péril l’unité et les valeurs d’identité de la Ville des Mille. Mais tous ces inconvénients n’auront aucune raison d’être si un président des maires est élu. Quoi qu’il en soit, le projet de loi sur la décentralisation est urgent si l’on veut toujours tenir les élections communales cette année, conformément au souhait du président de la République. En effet, les mandats des élus ont pris fin depuis plusieurs années. Leur remplacement par des intérimaires ou des présidents de délégation spéciale prêterait à penser à de la mauvaise gouvernance, voire à de la peur des élections démocratiques de la part du pouvoir. Il est temps de tout renouveler pour mieux servir la nouvelle République. Dans le projet examiné par les députés, les provinces refont surface. Le retour de ces délimitations qui remontent à la colonie laisse penser que le pays n’arrive pas à s’en défaire. En revanche, le «Fokontany » et son composant le «Fokonolona» cellule communautaire de base, sont loin d’arriver à s’imposer comme un niveau de décentralisation doté de pouvoir. Le flou sur sa place et son rôle par rapport à l’importance accordée aux régions et communes, reflète toujours les tergiversations des dirigeants entre déconcentration et décentralisation.
Zo Rakotoseheno