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mercredi, décembre 11, 2024
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Doria Rakotondrazaka : Le Virtuose bien tempéré, d’après ASKIZAKA

Doria Rakotondrazaka (1997-2023).

Si Guarneri, ou encore Steinway se sont enrichis des trésors d’ingéniosité pour parfaire leurs instruments, c’est indubitablement par la foi que de par le monde, il y a bien d’autres génies à même d’élever ces merveilles mécaniques à la stature qui leur est destinée.

Doria Rakotondrazaka, dans la fleur de l’âge, s’est mis au diapason pour atteindre cette portée. Certes pas par la facilité ni de triviaux raccourcis, mais avant tout par l’acharnement au travail et une dévorante passion qui n’a au juste libéré, en plus de ces sons envoûtants, et surtout sa majesté, le don qu’il a comme couvé en lui depuis ses premières heures. Si on dit de Mozart, qui a trépassé à ses trente-quatre printemps, qu’il nous a quitté bien jeune, c’est bien le cas, mais Doria Rakotondrazaka s’est tristement rapproché de Pergolèse et ses vingt-quatre ans, en n’ayant soufflé que vingt-six bougies ici-bas, pour entrer dans l’immortalité. Il n’a pas succombé sous les airs de Beethoven, ni de Brahms, mais sous les fracas de son autre passion, la mécanique à roues gommées, et hélas, non feutrées, tels les marteaux de son instrument de prédilection. Que dire de ce virtuose, si ce n’est que ce qu’il nous inspire. Point d’éloges qui sublimeraient aveuglément son être, mais juste ce qu’il représente, et ce qui transpirait de sa douce personne.

Virtuose

Ainsi, Nirina Harilala Doria Rakotondrazaka a vu la lumière, qui ne fut pas une farce pour lui, le premier avril de l’année 1997, pour les passionnés de sonates et autres concertos. La clef du bonheur fut sans doute pour lui la clef de Fa, car la douceur et l’harmonie étaient pour lui les piliers de son univers. Il s’était abonné aux Yamaha et autres Gaveau du Cercle Germano Malagasy (CGM), sous la houlette du non moins important Herimanitra Ranaivo, avant de s’enrichir des enseignements exotiques prodigués à l’Anglican Music Institute (AMI). Il y a côtoyé que des maestros en force, qui ont sût délicatement arroser de leur superbe le virtuose en herbe qu’il fut. La quête de la grandeur ne connaissant de limite que celle physique, après son cursus estudiantin, la générosité aidant, il y est resté pour se former à être éducateur professionnel. Si les mauvaises langues vous soufflent qu’à Madagascar, en Musique Classique, tout comme en mathématiques, on ne peut en vivre qu’en enseignant, chez lui, ce fut le noble désir de partage qui fut l’alizée qui gonflait ses voiles dans cette optique.

Franchise au naturel

Outre le talent, Doria Rakotondrazaka excellait aussi à l’apprentissage, du moins, selon les témoins de son jeune parcours de professeur de piano. Si la bible annonce et impose que chaque homme est pécheur, ses connaissances ne vous souffleront pas un iota d’ignominie, ni de quelque pas de travers qu’il aurait pu faire. Nul n’est parfait, là est la logique de l’homme, mais si tel est l’absolu, il y en a bien qui s’en rapprochent, et il n’en est pas loin. Amoureux, il l’était, et pas que de la musique à qui il a manifestement voué toute sa vie, mais de sa famille aussi. Son foyer, riche de trois chérubins, vous confirmera l’être dans toute sa transparence, où la bonté n’est pas qu’un fard professionnel. Ses proches amis, pour qui il garde une loyauté indéfectible, connaissent chacun de ses secrets, qui en réalité ne le sont guère, car la franchise au naturel est son humble slogan.

Homme de foi et d’amour

Doria Rakotondrazaka aimait exercer ses talents sous tous les cieux. Primé lors du concours d’Excellence concocté par l’association Madagascar Mozarteum, il a fait en sorte que ses apprentis suivent sa voie vers la précellence. Il a écumé les festivals les plus prestigieux de l’île aux parfums, comme le Nosy-Be Symphonie, Festival Classik’Art, et n’a récolté que des standings ovation. Les concerts classiques de midi ne lui sont pas inconnus non plus. Imbu de tout l’amour qu’il porte, on se demanderait s’il avait assez de place en son cœur pour autant d’affection, et c’est bien son miracle. Aider et sauver, songeait-il à faire mieux que le Christ, car ces deux mots semblent remplir ses veines, et sans commune mesure, cela semble l’émerveiller. Ennemie de l’insonorité, et excusez-nous du mensonge plus haut, car son pire péché fut bien la gourmandise, mais cela, de l’avis des bonnes gens, n’est point le pire, si ce n’est le plus doux. Même que la musique ne serait que péché aussi pour les renfrognés avides de silence. Bien loin de lui l’hérésie, mais disons juste qu’il était aussi un passionné des bonnes choses, à sa manière. Distributeur de sourires, et grand pourvoyeur d’enchantement, tant par l’art qu’il dispense que par le seul fait d’être présent, Doria Rakotondrazaka a signé chacun de ses pas par l’encre de sa grande bonté et l’amour qui transpirait de son être.

Recueillis par Antsa R.

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