
Alerte rouge à Antsirabe où le football est en train de couler à pic, n’en déplaise au FC Vakinankaratra qui dicte sa loi dans un championnat presque à sens unique et qui finalement ne permet à personne de bomber le torse tant tout va de travers. Rien ne va plus avec cette routine qui s’installe au grand dam d’un public pourtant admirable.
Le dossier du jour met en avant l’incohérence d’une ville qui détient le record en matière de stade de football, il y a neuf terrains gazonnés (voir encadré) et cette passion que voue sa population à cette discipline et les échecs répétés de presque une décennie, car depuis la fermeture de l’Académie Jean Marc Guillou, le football d’Antsirabe est en train d’essuyer les plâtres tant chez les seniors que les jeunes et même au football féminin.
Barea et barré. C’est incroyable mais hélas vrai, depuis que l’équipe nationale a changé de nom en se faisant appeler les Barea, cela a semble-t-il barré la route des Antsirabéens qui n’ont plus que leurs yeux pour pleurer.
Les nostalgiques d’un passé révolu font mention des membres de l’équipe nationale, tous de l’époque des Scorpions, avec le capitaine Mamisoa Razafindrakoto qui a fourbi ses armes chez Spider avant de faire le bonheur du Stade Olympique de l’Emyrne en passant par la Jirama Antsirabe où jouaient aussi les autres internationaux d’Antsirabe dont le virevoltant Damany qui a fait voir de toutes les couleurs les Réunionnais lors des Jeux des Iles, mais aussi le gardien Tama Emamy David sans oublier le très utile Rivo sur le flanc gauche du milieu de terrain des Scorpions. Des grands hommes qui ont su prendre cette chance qui leur a été, autant le dire, offerte.
On ne parle pas de nombreux joueurs de l’Académie Ny Antsika qui ont fait partie de l’équipe nationale car ils ne sont d’Antsirabe que de nom. N’empêche Baggio, Urbain et leurs camarades ont tout de même ravivé l’espoir du Vakinankaratra, mais cela s’arrête là, car il manquait ce sentiment d’appartenance à la grande famille des « mpitsoka ovy ».
Tour des grands clubs. La belle époque dira-t-on, mais une époque où sélection nationale rimait avec un tour des grands clubs et les joueurs issus des supposés grands même ceux qui n’ont pas de titre à faire valoir. Un clientélisme qui justifie du reste les mauvais résultats enregistrés sous l’ère Ahmad voire bien avant jusqu’à ce qu’on décide de faire appel aux expatriés incluant les joueurs de CFA2 dont de la 4e division française.
Et cela illustre encore la faute du staff technique de la Fédération qui n’avait pas fait grand cas des joueurs pour ne citer que Deba Kely qui a été superbement ignoré quand il était à l’Ajesaia.
Et on revient au FC Vakinankaratra dont les membres n’ont jamais été appelés même en présélection nationale alors que le club faisait, au propre comme au figuré, jeu égal avec le champion de Madagascar en titre, en l’occurrence de la CNaPS qui a dû se contenter d’un score de parité de 1 à 1 à Ampasambazaha. Mais de cela on en parle peu ou prou comme si Xavier (le capitaine du FCV) n’est autre qu’un moins que rien et que le mur défensif antsirabéen n’avait rien fait pour tenir à distance tous les grands clubs engagés en Ligue des champions.
On va alors renvoyer la balle à la Ligue du Vakinankaratra présidée par José Rakotoasimbola, car l’honneur lui revient pour plaider la cause Vakina mais rien n’y fit. Antsirabe reste et restera dans son rôle de second couteau sur l’échiquier national. Et c’est peut-être voulu, car la plus grande ligue malgache en matière d’infrastructures ne tient même pas un championnat pour les jeunes.
Pire, le mal va encore empirer dans les mois qui viennent, car le président José Rakotoasimbola envisage de présenter son SG lors des élections sans doute pour une continuité dans la médiocrité.
Pleure ö ma ville bien aimée…
Infrastructures : Neuf stades gazonnés à Antsirabe

Antsirabe possède neuf stades de football tous en gazon. C’est du jamais vu même à La Réunion où les villes bénéficient de l’aide de l’Etat français.
Un record qui va être difficile à battre avec cette manie des collectivités notamment de Moramanga et de Behenjy de transformer leurs terrains de football à d’autres choses.
Pour l’instant, Antsirabe se distingue de toutes les villes malgaches avec ses nouveaux stades de football dont le mythique Stade Vélodrome remontant à l’époque coloniale et dont le piste cyclable ne l’est plus que de nom, tout comme les tribunes désormais privées des vestiaires.
Par ordre d’importance mais pas par qualité, le terrain du Lycée André Resampa vient après le Vélodrome sans doute parce que son coût de location modique fait de ce stade le préféré des quartiers et des écoles de football qui foisonnent dans la capitale du Vakinankaratra.
Citons également dans la foulée les stades utilitaires comme celui de l’Académie Militaire, mais aussi celui de l’ENSOA ou de l’Académie Ny Antsika qui redevient celui de SACIMEM. Il y aura aussi le stade de la COTONA dont la beauté rivalise avec celui des Brasseries Star, preuve que les grosses fortunes s’occupent également du football mais seulement pour les employés.
Un peu à l’écart mais tout aussi fréquemment utilisés, le stade de Tombontsoa et de Mandaniresaka sont toujours solides au poste.
Andry Herilalaina Jean Bruno : Le grand oublié !

Il a remporté tous ses duels devant les supposés grands attaquants malgaches dont Nonot et Francis de la CNaPS, Florent de l’Adema, ou encore Bela d’Elgeco Plus, mais cela n’a pas suffi à le faire entrer chez les Barea fut-il pour un seul test.
Il, c’est le défenseur central du FC Vakinankaratra, Andry Herilalaina Jean Bruno que tout le monde appelle avec la connotation locale Lebri. Un défenseur d’exception qui a le sens du placement mais aussi des relances propres à l’origine des exploits du FCV.
Mais à 32 ans et malgré tout son talent, Lebri commence à trouver le temps long dans l’attente d’une hypothétique convocation de la Direction Technique Nationale.
Avec ses 176cm pour 72 kg, il a pourtant le physique de l’emploi mais aussi une riche expérience née d’une longue pratique car il a débuté très jeune avec l’AS Tsara avant de partir pour la Jirama et ensuite chez Inate FC pour atterrir finalement au FC Vakinankaratra où il jouit d’une autorité certaine car il réincarne le modèle d’un joueur très consciencieux et qui n’hésite pas à rallonger, au besoin, sa séance d’entraînement.
Si on y ajoute son hygiène de vie, car Lebri ne boit pas et ne fume pas, alors on comprend pourquoi il réussit aussi bien sa vie carrière de footballeur. Enfin presque car seuls les Barea n’en veulent pas.
Fidinirina Andriantomponera : « Nous n’avons rien eu de la FMF ! »

Amer, le président du FC Vakinankaratra, Fidinirina Andriantomponera, l’est. Et on le comprend lorsqu’il rapportait que son club a remporté par deux fois le tournoi RN7 tout comme il fut champion du Vakinankaratra à cinq reprises, mais il n’a jamais été récompensé pour ses efforts. « Il n’y avait même pas un seul ballon de la Fédération alors qu’on dépensait des sommes énormes pour que le Vakinankaratra soit représenté à l’échelle nationale », confiait-il avant de parler de cette époque difficile où il a fallu remplacer l’Académie Ny Antsika dans le monde du football à Antsirabe.
« Visiblement, la FMF n’a pas de politique d’appui au club et cela pèse lourd dans notre budget qui ne peut pas évidemment s’occuper de la relève, car ce serait trop nous demander », rapportait encore Fidinirina Andriantomponera qui mentionne que les clubs de l’élite du Vakinankaratra, contrairement à Analamanga, n’ont pas d’équipes jeunes.
Clément RABARY