Comme les Menalamba dans les Hautes Terres Centrales, des résistances à l’installation coloniale sont organisées par la population de la région septentrionale de l’île en 1898. Malgré l’échec de la résistance, cette opposition n’est que le début de la lutte anticolonialisme dans la région. Au début du XXe siècle, un équilibre idéologique s’installe dans la région. La ville est scindée en deux tendances : les profrançais et les nationalistes.
Les profrançais et les nationalistes cohabitent depuis l’installation française à Diégo Suarez.
Durant de longues années 1920-1960, la ville de Diégo-Suarez se confronte à une ambiance politique acharnée. Cet équilibre de force est dû au cosmopolitisme de la région. Le Second Conflit mondial est une épreuve difficile, parce que la ville était le mini-théâtre de la guerre.
Le rôle des migrants venant d’autres régions de Madagascar était important, et anime le nationalisme à Diégo Suarez. En occurrence, l’implantation du nationalisme ne s’avère pas très difficile. Cela s’est confirmé lors du passage de Jean Ralaimongo. Les actions de cet homme politique originaire d’Ikalamavony exercent beaucoup d’influence sur la population locale , et laissent un héritage en termes d’idéologie. Beaucoup sont convaincus et influencés par son sentiment anti-colonialiste.
Antsiranana est à la fois une ville créée par les Français et un cosmopolitisme dû aux migrations des Malgaches venant d’autres régions, et également des immigrés d’autres pays comme les comoriens, les yéménites, les Réunionnais, et les djiboutiens. Ce fait crée une ambiance politique dans cette localité. Le long de la première moitié du XXe siècle, la ville était le théâtre d’affrontement idéologique entre le nationalisme et l’administration coloniale. Alors la ville est devenue non seulement un foyer du nationalisme mais également un fief des pro-coloniaux. Ces deux tendances sont plus ou moins équilibrées dans la ville.
Une base du nationalisme. Depuis les années 1920, le nationalisme reste vivace dans le Nord de Madagascar. L’anticolonialisme prend une envergure bien avant la seconde guerre mondiale grâce aux migrants venant des autres régions de Madagascar, notamment les travailleurs originaires des Hautes Terres Centrales. Lors de son séjour en 1923 et 1926, Jean Ralaimongo réussit à encrer cette idéologie dans le cœur de la population de Diégo-Suarez. De peur que ces migrants influencent la population locale, lors de sa visite à Bobasakoa, une commune rurale citée au sud- ouest de la ville de Diégo-Suarez, le 7 novembre 1930, le chef de région de Diégo-Suarez Laporte lance des propos ethnicistes en disant : « N’admettez pas que des Hova, des Betsileo, des Betsimisaraka et même des créoles viennent s’établir dans votre pays ». Dans les Affiches de Diégo-Suarez N° 293.
L’année 1920 est en permanente lutte contre l’installation coloniale. Elle est amplifié par Jean Ralaimongo à Diégo Suarez en 1923 puis en 1929, accentue le nationalisme malgache contre les abus et défendre les planteurs et paysans Malgaches. La spoliation des terres surtout dans les campagnes.
Le nationalisme gagne du terrain à Antsiranana, si on croyait que la région du nord était hostile des Malgaches venant de la Haute Terre centrale.
Un foyer francophile. Le Nord de l’île occupé par la France depuis décembre 1885, abrite une base navale française. Dix ans avant l’annexion de la Grande île, la région devance donc le reste du pays.
La séquelle du XIXe siècle prédomine dans l’esprit des membres du PADESM, un parti politique influent dans la région. Les partisans de ce parti qui a vu le jour en juillet 1946, ne cachent pas leurs sentiments d’attachement à la France qu’ils considèrent comme la «mère Patrie ». Les ampanjaka et certains notables de la région basculent vers l’idéologie francophile car ils considèrent la France comme libératrice, ne veut pas tomber dans le joug de « l’hégémonie merina ». Ces groupes sociaux bénéficiaient de certains avantages accordés par le système colonial. Les gardiens traditionnels de la région du Nord de Madagascar sont favorables à l’installation française. D’où on les appelle les loyalistes.
. En effet, la plupart des ampanjaka, et certaines élites de la région se rallient avec l’administration coloniale et adhèrent au PADESM pour contre -balancer le MDRM.
La ville de Diégo-Suarez est le fief des loyalistes. Ainsi les ampanjaka, les colons réunionnais, et certains notables influencent la population de la région à approuver leur fidélité à la France. Alors, la présence des pro-coloniaux n’est pas négligeable. Donc, une tension s’impose entre les nationalistes et les pro-coloniaux de Diégo-Suarez. D’ailleurs, la ville est une nouvelle pôle de l’autorité française. Elle est sans doute un territoire Antakarana, mais elle est considérée comme un territoire isolé du pouvoir central du Royaume de Madagascar et peu préoccupé par l’autorité traditionnelle locale. La population est plus rattachée à la France que cette dernière.
Pendant 64ans de colonisation, des luttes succèdent et s’évoluent en fonction de la conjoncture politique. Dans les années vingt et trente, elles prennent une autre dimension avec les élites. Si au début de la colonisation les Malgaches prennent des armes et massacrent les Français, à la fin des années 1920, les élites utilisent un autre moyen plus pacifique pour aboutir à leurs objectifs.
Dans tout Madagascar, la contestation revêt de nombreuses formes. Chaque région a sa manière de lutter. De VVS à Jean Ralaimongo et ses compagnons, ensuite le MDRM, la revendication change de visage.
Après la Seconde Guerre mondiale, la France est exsangue et affaiblie. Avec la pression de l’ONU, les pays colonisateurs changent leur politique envers leurs colonies. Certaines libertés sont accordées à ces derniers. Conscients de la situation géopolitique, la faiblesse des colonisateurs, les nationalistes accélèrent l’émancipation pour obtenir l’indépendance.
Iss Heridiny