Faire un grand dossier sur les Barea est devenu incontournable aujourd’hui tant tout le monde en parle. En bien il y a seulement quelques mois et en mal depuis le naufrage de 6 buts à 1 au Stade Rabemananjara face aux Léopards congolais.
Sans se vanter pouvoir détenir la vérité, Midi Madagasikara fait aujourd’hui un vaste tour d’horizon des forces et faiblesses des Barea. Une vérité sans fard où il appartient à tout un chacun de prendre ses responsabilités car quoiqu’on dise, le football reste et restera le sport roi.
Exploit. Encensé après avoir tenu en échec le Sénégal, le onze malgache est tout passé d’un exploit en menant par 2 à 0 au score avant de se faire rattraper dans les toutes dernières minutes du match. Un exploit qui faisait déjà suite à une troisième place au Cosafa Cup où les Barea ont créé une énorme surprise en battant le Ghana en Afrique du Sud.
Il y a eu ensuite la victoire de 3 à 0 contre le Centrafrique et même le match nul contre l’Angola (0 à 0) sans oublier la manière où Faneva Ima, Carolus et les autres ont fait trembler le Stade des Martyrs à Kinshasa en tenant tête aux Léopards et s’incliner par 2 buts à 1 vers la fin.
Des performances énormes qui ont fait qu’aujourd’hui Madagascar se trouve à la porte du top 100 mondial, à la 108e place pour être précis.
Inutile d’épiloguer longtemps pour dire que pendant cette saison faste, les Barea ont montré l’étendue de ses forces même si l’effectif est loin d’être pléthorique car en dehors de la 3e place au Cosafa Cup des joueurs locaux, il y a surtout l’apport des expatriés conduits par Faneva Ima Andriatsima de Créteil mais aussi de Carolus Andriamahitsinoro du Mouloudia d’Alger ainsi que Abel Anicet Andrianantenaina du Ludogorets bulgare. A l’étage juste en dessous on citera Voavy Paulin du club algérien de Constantine, Dafé de Tourcoing en France et Mamy Gervais Randrianarisoa de l’AS St Pierroise à la Réunion qui font partie du lot des expatriés, du moins les plus réguliers.
Equipe idéale. Il ne faut d’ailleurs pas oublier de vue le fait que la Fédération Malgache de Football a cassé sa tirelire pour faire venir tous ces joueurs et que finalement dans l’affaire, elle est plus à plaindre qu’à blâmer lorsque cela ne marchait pas.
Ce n’est pourtant pas l’équipe idéale car pour tout dire et aborder les faiblesses des Barea, Madagascar n’a pas de joueurs évoluant dans les grands clubs européens. Malgré tout l’estime qu’on a d’eux, ils font encore partie d’une frange de seconde zone.
Les grandes nations, africaines notamment, tirent leur force de leurs expatriés évoluant au plus haut niveau. On mentionnera volontiers l’équipe du Sénégal où tous les joueurs sont en Europe. Et pas des moindres à l’image de Sadio Mané du Southampton qui à 24 ans, rivalise avec les meilleurs en Angleterre. Il fut un temps où le Sénégalais a été nominé joueur du mois aux côtés d’Alexis Sanchez d’Arsenal, Anthony Martial de Man U mais aussi la star montante de Liverpool, le Belge Christian Benteke.
Et si on ajoute le portier de Rennes, Abdoullaye Diallo, mais aussi le capitaine des Lions qui fait partie des cadres de West Ham, Cheikhou Kouyaté, on comprend pourquoi on se faisait battre par ces hommes d’Aliou Cissé à Dakar.
Franck et Tana Formation. Parmi nos faiblesses notoires, on citera volontiers l’encadrement. Les meilleures nations africaines ont des coaches étrangers. Et même si sur ce chapitre, Aliou Cissé du Sénégal se trouve être l’exception qui confirme la règle.
Franck Rajaonarisamba est certes de loin le meilleur entraîneur malgache et on a beau multiplié les stages et autres tests, il est toujours resté le major de chaque promotion. Mais dimanche, il s’est rendu coupable de ne pas avoir su tirer des leçons de la méforme de deux de ses protégés en l’occurrence François et Dina qu’il avait eu sous sa cape quand il était aux commandes de Tana Formation. On peut en dire autant de Fabrice, lui aussi un ancien de Tana Formation. En clair, les Barea de dimanche à Mahajanga comportaient en leur sein des maillons faibles se trouvant dans l’épine dorsale occasionnant ainsi un boulevard dans lequel Bolasie (Crystal Palace) et Mpoko (Chievo Verone) se sont engouffrés à cœur joie. C’est dire que la tâche est compliquée pour une équipe qui souffre énormément de la comparaison. Et elle l’était encore plus après le forfait de nombreux expatriés.
Caprice de stars ! Incroyable mais hélas vrai, tous nos meilleurs expatriés ont poliment refusé de venir pour le match contre la RDC de dimanche dernier. Certes on admet qu’il n’y pas véritablement d’enjeu sauf que battre la RDC aurait encore permis aux Barea de monter dans la hiérarchie mais de cela, ils n’ont rien compris. Et puis après tout, une victoire est toujours bonne à prendre.
Ils ne sont pourtant pas blessés comme cela laisse supposer en pareil cas. Et si on comprend Faneva Ima Andriatsima de vouloir rester en France pour régler son cas après que Créteil ait descendu en National et aborder des pourparlers avec Ajaccio pour rester en Ligue 2, on ne peut pas dire autant de Carolus Andriamahitsinoro qui a opté pour des vacances certes méritées avec son club après la victoire en championnat d’Algérie de l’USMA ou de Abel Anicet Andrianantenaina qui se dit ne pas être à 100% alors que Ludogorets venait de s’offrir le titre de champion de Bulgarie.
Même Dafé n’est pas exempt de tout reproche puisqu’il affirme vouloir rester auprès de sa femme et de son enfant qui venait de naître. Vous parlez d’un caprice de stars ?
Le FC-BFV, une exception ! S’il y a une équipe qui a marqué l’histoire du football malgache, c’est bien le FC-BFV qui s’est hissé jusqu’en demi-finale de la Coupe d’Afrique des clubs en 1996 où il a été battu dans des conditions exécrables par les Nigérians du Bendel Insurance après avoir sorti au tour précédent les Algériens du Mouloudia, l’actuel club de Carolus Andriamahitsinoro.
La belle époque en fait mais une réussite autant le dire collective allant de la conjugaison des efforts entre la banque BFV/SG et l’Etat mais de l’implication des joueurs obéissant aux doigts et à l’œil l’entraîneur « Raglady » Claude Ravelomanantsoa.
C’est un tout en fait mais ce succès fut un bel exemple tant dans le fond que dans la forme. Mieux encore il montre que les résultats suivent pour peu que tout le monde mette la main à la pâte. Et à l’époque, le président Didier Ratsiraka s’est personnellement investi en offrant non seulement une subvention mais aussi son avion personnel avec lequel le FC-BFV a réalisé tous ses déplacements de la Zambie en Algérie en passant par le Nigeria.
Le plus en fait car outre le voyage moins fatiguant, le groupe pouvait emmener dans ses bagages tout ce dont il avait besoin avec le « vary mena », l’Eau Vive et même les ingrédients nécessaires à un plat bien de chez nous.
Quand on y greffe la présidente du club, une Annette Mboty qui a cette capacité de trouver les mots justes pour encourager ses joueurs, alors on comprend pourquoi l’équipe est allée si loin. Une exception…
L’exemple des Léopards congolais. Il n’y a pas de miracle en football. Seuls les pays ayant des joueurs évoluant au plus haut niveau réussissent. C’est le cas notamment de la République Démocratique du Congo et de ses Léopards qui viennent de s’illustrer en tenant en échec la Roumanie, l’adversaire de la France lors de ce vendredi.

« C’est vrai qu’on voit désormais la RDC d’un autre œil et qu’on nous invite à servir de sparring partner aux grands d’Europe comme c’était le cas devant la Roumanie en Italie », commente avec une fierté non feinte l’entraîneur des Léopards, Florent Ibenge. Ce qu’il n’a pas dit, c’est que c’est grâce à un effectif pléthorique.
Pour revenir au match de dimanche à Mahajanga, la RDC a fait figurer dans son onze de départ cinq joueurs de la Premier League anglaise avec Firmin Mubele Dombe et Yannik Bolasie de Crystal Palace, Chancel Mbemba de Newcastle, Jacques Maghoma de Birmingham et le capitaine Gabriel Zakuani de Peterborough. Si on ajoute Paul José Mpoku du Chievo Verone en Italie et Cédric Bukambu de Villareal en Espagne, alors on devait admettre que ces Léopards sont forts, très forts.
En face en effet, les Barea, ou ce qui en restait, ne peuvent pas soutenir la comparaison.
Et Madagascar se trouve encore très loin dès qu’on aborde le volet motivation.
Sur ce chapitre en effet, les Léopards ont non seulement eu droit à un stage en Europe mais ils ont également bénéficié d’un avion spécial dont les frais sont supportés par l’Etat congolais. Et comme si cela ne suffisait pas, le président Joseph Kabila a promis une prime individuelle de 5000 euros en cas de qualification pour la CAN 2017.
Dossier réalisé par Clément RABARY