

Au-delà des archives constituées de rapports des militaires, des journaux, qui sont jalousement gardées par l’ex-Métropole, Joffreville intrigue les environnementalistes, biologistes, ainsi que les journalistes locaux et internationaux. La montagne d’Ambre et ses cascades approvisionnant Diego-Suarez, font de ce petit coin un joyau de la partie septentrionale de Madagascar.
De camp d’Ambre au grand jardin
Joffreville, une bourgade située à 30 kilomètres d’Antsiranana porte le nom d’un militaire polytechnicien Joseph Joffre. À part la fortification et l’urbanisation de Diego-Suarez au début du XIXème siècle, ce dernier a aussi transformé l’espace d’Ambohitry ou Bitaidambo ( les noms que l’on attribuait avant l’arrivée des vazaha). Ayant climat doux et frais, Joffreville était un lieu favorable pour se détendre.En 1903, le gouverneur de la ville du nord a créé une petite base militaire. Ses suivants vont également travailler la terre, et plantaient des légumes pour s’autosuffire… Le pouvoir colonial a également décidé d’y ériger un sanatorium, une maison de santé où l’on soigne les militaires français malades. Regorgeant des ressources naturelles inestimables, le village à grande espace d’autrefois, attire les colons réunionnais pour son sol fertile à la fin du XIXème siècle. Durant les années 1920, une période à laquelle les historiens malgaches appellent « l’âge d’or des colons», plus de centaines de réunionnais s’y installent pour cultiver la terre. Joffreville est devenu un grand jardin grâce à la plantation des manguiers, letchis, la culture maraîchère. Le but est de ravitailler les 5000 militaires français installés à Diego-Suarez. « Il y avait un chemin de fer dirigé par des mulets. D’abord, cette locomotion transporte des patients, des officiers militaires qui voulaient se reposer. Ensuite, les wagons seront progressivement aménagés pour transporter des marchandises», a rapporté l’historien Joseph Razafindrainibe. Donc, au fil du temps, les colons ruraux vont s’enrichir. La bourgade attirait de plus en plus des créoles du sud-ouest de l’Océan Indien. Naturellement, l’espace cultivable s’élargit, ce qui entraîne effectivement une exploitation abusive car l’intention des cultivateurs est de subvenir aux besoins de Diego-Suarez toute entière et ses environs.
Hormis l’ extension des terrains, les agriculteurs commencent à construire des maisons en bois précieux notamment le palissandre, les ébénacées, engendrant peu à peu la déforestation. Dès lors, les espèces endémiques seront menacées. Joseph Razafindrainibe souligne qu’en une décennie, plus d’une centaine d’hectares de forêt ont été abattus. La situation alarmante pousse l’administration coloniale à agir. Joffreville et la montagne d’Ambre sont déclarées étant une réserve naturelle à la fin des années 1920.
Le khat remplace les légumes
En espérant avoir une meilleure vie, des individus de différentes nationalités sont venus dans la Grande île pour y travailler. Ils ont non seulement emporté avec eux leurs bagages mais aussi leur «culture». En effet, chez les Yéménites, l’habitude du khat est si bien et si anciennement enracinée qu’ils l’emportent avec eux quand ils émigrent dans d’autres pays. « C’est ainsi qu’ils introduisirent, par exemple, la mastication du khat à Madagascar ; elle fut diffusée ensuite par les Comoriens musulmans. La consommation de ce stimulant s’étend maintenant à Madagascar, du Cap d’Ambre (pointe nord) à Sambirano dans le nord-est. Grâce aux anciens débardeurs yéménites, la consommation du khat fut introduite aussi chez les Tankarana, peuple du nord de la Grande île, qui adopta l’Islam en 1841. La prise du khat ne semble se répandre qu’en milieu musulman, peut-être plus disposé, par tradition religieuse à faire usage d’excitants non enivrants», explique Charlotte Radt dans son article : Contribution à l’histoire ethnobotanique d’une plante stimulante : le khat. Ces immigrants, une fois bien installés influencent la population locale notamment ceux qui pratiquent la religion musulmane. Entre les années 1920 et 1960, la mastication du khat, à l’origine, ne concerne que la communauté musulmane, et est pratiquée par une communauté restreinte durant de nombreuses décennies. Ensuite, la pratique s’est étendue les années suivantes. « En effet, jusqu’au départ des Français, dans les années 1960-1970, les communes de Joffreville et d’Antsalaka, aujourd’hui premières productrices de khat, étaient les principaux fournisseurs de fruits et légumes de la province nord, et en particulier de la ville de Diégo-Suarez. Durant cette période, la production battait son plein, et les paysans malgaches impliqués dans ce commerce parvenaient même à vivre honorablement de la culture maraîchère », explique le géographe Vincent Minquoy.
Joffre a laissé son emprunt dans cette région. Après sa mission au Mali, il débarque à diego, fevrier 1900, dans le but de fortifier la ville. Ensuite, des aménagements ont été effectués sur le lieu. En fait, ce plan d’urbanisation a été conservé jusqu’à nos jours. En outre, ce gouverneur ne s’arrête pas là. Dans les années 1930, l’administration coloniale locale baptise le joyau des créoles réunionnais en Joffreville pour rendre hommage à celui qui a amenagé l’un des villages le moins peuplé d’autrefois. Musée à ciel ouvert, patrimoine, Ambohitry est chargée d’histoire. Elle a été témoin de l’occupation française dans la région septentrionale de la Grande Ile. 3 janvier 1931, après la mort du Mareshall Joseph Joffre. Son buste a été sculpté en cuivre à Antsiranana.
Iss Heridiny




