
Ce n’est pas un secret que la pratique sportive est un des moyens efficaces pour éduquer la jeunesse malgache. L’Association Culture and Judo in School en fait ses priorités comme l’explique l’un des fondateurs de cette belle initiative, le grand champion des années 90, Antsa Rajantoson. Récit.
Midi Madagasikara : Le projet Judo in School est-il venu comme ça pour le champion que vous êtes pour préparer au mieux la relève du judo à Madagascar ?
Antsa Ranjatoson : « Il y a un peu de cela, même si au début et sous l’impulsion de Maître Akira Kai en collaboration avec l’Ambassade du Japon qui reste notre principal partenaire, nous avons voulu mettre en avant l’éducation des jeunes par le biais d’un programme de développement du judo dans les institutions scolaires. Le judo est taillé pour cet objectif car il repose sur la fidélité à un code moral énoncé par le fondateur du judo, Jigoro Kano, donc idéal pour le volet éducation. »
Midi : Judo in School fêtera cette année sa dixième année d’existence. Peut-on avoir un premier bilan de vos activités ?
A.R. : « Notre équipe a fait un travail remarquable car à l’heure actuelle, il y a 11 centres de Judo in School dans les quatre coins de Madagascar notamment à Tana avec l’IST qui fut le pionnier de ce projet mais aussi au Bambi Ambatonankanga, à Iavoloha et à Ambohitrimanjaka. A cela s’ajoutent le COSATRI de Tsiroanomandidy, Antsirabe, Diégo, Fort-Dauphin, Toamasina, Fianarantsoa et Toliara.
Jusqu’ici, on compte environ près de 10 000 judokas qui ont fréquenté ces centres. Du beau monde en fait et c’est ce qui rend un peu difficile l’organisation d’un tournoi tous les ans. C’est pour cela que nous sollicitons l’aide des mécènes pour l’organisation du Judo in school le 14 mai prochain à Antsirabe. »
Midi : Vous êtes à Antsirabe pour la deuxième année consécutive. Y a-t-il une explication à votre choix ?
A.R. : « Un choix stratégique d’abord car le fait qu’Antsirabe se trouve au centre, cela réduit le coût des frais d’approche de toutes les délégations participantes. L’autre raison a trait à la présence de nos fidèles partenaires dans cette ville dont ATR et le Groupe Karmaly qui font partie d’un groupe incluant la Star, Telma et bien d’autres qui ont compris que notre travail fait bénéficier une large frange de nos jeunes, autrement dit une pépinière qui va alimenter les clubs et donc l’équipe nationale. Le principe est simple, Judo in School se chargera de l’enseignement des fondamentaux par le biais de techniciens confirmés obéissant à un Directeur Technique National qui coordonne toutes les actions. Après trois ans ou moins, l’intéressé passera dans les rangs d’un club et poursuit sa carrière de haut niveau. »
Midi : Et après dix ans, Judo in School a-t-il réussi à former des champions ?
A.R. : « Beaucoup. Je citerais tout simplement Tojo Ranaivosoa qui fut médaillé de bronze au championnat d’Afrique chez les juniors. Mais encore une fois, l’essentiel de notre mission est l’éducation par le biais du judo. Comme l’appétit vient en mangeant, cela ne m’étonne pas de voir combien ils veulent poursuivre leur carrière au-delà des années passées avec Judo in School. Aussi minime soit-elle, nous allons contribuer à développer cette discipline, qui je le répète, ne pourra pas se faire sans l’implication de l’Ambassade du Japon, du Maître Akira Kai mais aussi des sponsors locaux. »
Propos recueillis par Clément RABARY

Maître Akira Kaï : Un monument du judo mondial !
Maïtre Akira Kaï a apporté tout son soutien aux malgaches en devenant, un temps, le Directeur Technique National sous l’ère du président Joël Ralaimaro. Un honneur pour le camp malgache qui s’est réjoui de pouvoir compter sur le savoir-faire de ce grand homme aujourd’hui 8e Dan Kodokan et faisant partie de la crème du judo mondial.
Parmi ses faits d’armes, il a contribué à la seconde place en Asie du Koweit derrière l’intouchable Japon. Un travail qui lui a pris 10 ans. Mais le judo, c’est cela, un travail de longue haleine.
Akira Kaï a réellement métamorphosé le judo à Madagascar en s’appuyant sur d’authentiques champions comme Ashik Houssen mais aussi « ses garçons » incluant les deux frères Ranjatoson, Jean Jacques Rakotomalala, Luc Rasoanaivo mais également d’autres grandes figures du judo malgache qu’il a réussi à initier au…sumo.
C’est dire que l’ambiance était plus belle avec Maïtre Akira Kaï qui a tout donné au judo malgache sans parler de ce vaste projet de Judo in School qu’il a mis en place avec Antsa Ranjatoson.
Clément RABARY

La preuve par Tojo Ranaivosoa !
L’éducation héritée du Judo in School peut vous conduire très loin dans votre vie de tous les jours. C’est l’avis de Tojo Ranaivosoa qui a doublement réussi sa vie sur le tatami comme en dehors.
Membre du Judo in School dès sa création en 1996, Tojo Ranaivosoa a rempli son contrat en décrochant la médaille des juniors au championnat d’Afrique du Sud de 2006 alors qu’il tirait chez les moins de 72 kg. Après un break rendu nécessaire par son travail, il est revenu à la charge en 2015 pour prendre l’argent du championnat de Madagascar des moins de 90 kg.
Mais parallèlement à sa carrière sportive, Tojo Ranaivosoa a réalisé un parcours de toute beauté car après une maîtrise en Physique, il est devenu ingénieur pétrolier chez Madagascar Oil. Inutile de rajouter qu’il gagne bien sa vie.
C’est juste si l’homme précise qu’il doit cela au judo et l’éducation qui est autour. Au Judo in School en tout cas, les études passent avant tout et très souvent, ses encadreurs lui demandent de montrer le bulletin scolaire.
Aujourd’hui, son père Gabriel Ranaivosoa, un ancien du Malagasy Karate Do, est fier de son fils à qui il avait inculqué tout comme pour son frère et ses deux sœurs, une éducation par le sport. Et il n’a pas tort. A preuve…
Clément RABARY