On avait presque naïvement cru que les quatre années de purgatoire, infligées par la Fédération Internationale de Boxe Amateur, avaient suffi pour remettre de l’ordre au sein de la Fédération Malgache de Boxe ou tout au moins que cette suspension liée à des actes « inconstitutionnels » allait servir de leçons à ces princes qui nous gouvernent, mais apparemment non. C’est du moins ce qu’on pouvait lire à travers les lignes de l’interview accordée à Midi Madagasikara par le président de la FMB, Hery Mamy Rabarisoa. Récit.
Midi Madagasikara : Les quatre années de suspension infligées par l’AIBA à l’endroit de la boxe malgache ont-elles suffi pour aplanir toutes les divergences et travailler avec la sérénité voulue ?
Hery Mamy Rabarisoa : « C’est malheureux de le dire mais il subsiste une frange de ligues qui font encore de la résistance pour des raisons encore obscures. Je citerais dans la foulée les ligues du Menabe, de l’Amoron’i Mania, d’Atsimo Andrefana et d’Analamanga auxquelles j’ajouterais peut-être le cas un peu spécial de Mahajanga. Qu’on ne soit pas d’accord sur une chose, je l’accepte, mais qu’on en fasse tout un drame au point d’ébranler la conviction des autres ligues qui sont, Dieu merci, majoritaires avec celles de la Haute Matsiatra, Antsiranana, Vatovavy Fitovinany, Alaotra Mangoro, Itasy, Bongolava, Vakinankaratra ainsi que celle de l’Atsinanana, même si je comprends très bien la frustration de sa présidente. En effet, cette dernère n’a pas pu aller aux Jeux des Iles alors que les boxeurs de Toamasina figuraient bien dans la liste et que cette ligue reste un des leaders en matière de boxe féminine.
Avec tous ces problèmes et tant d’autres, il m’arrive d’avoir peur de nouvelles sanctions encore plus graves car autant vous dire que la boxe malgache n’est pas encore sortie de l’auberge. Pire encore, car lors de la dernière assemblée générale de l’AIBA en Corée du Sud, Madagascar a été pris à partie pour lui signifier que si les événements de 2012, avec l’éviction d’un président élu en l’occurrence Jonah Rabialahy, venaient à se répéter, alors la boxe malgache sera suspendue de trois mandats olympiques, c’est-à-dire 12 ans. »
Midi : Ce vent de fronde vous empêche-t-il de travailler ?
H.M.R. : «Oui et non. Oui car si on prend l’exemple de Mahajanga, le ring de compétition se trouve aux mains de l’ancien président Josvah qui a attaqué à la Chambre administrative le président élu Médard Constantin et qui avait eu, malheureusement pour nous, gain de cause. On aurait dû porter l’affaire au Conseil d’Etat mais on ne l’a pas fait et on arrive aujourd’hui à une situation rocambolesque puisque le même Josvah pousse le luxe d’organiser des tournois sans l’aval, pourtant indispensable, de la Fédération. Un Etat dans l’Etat en quelque sorte.
J’ajouterais aussi à cela, le problème du ring de Mahamasina dont nous partageons l’utilisation avec le kick-boxing et la savate. Un boxeur avait emporté toute l’armature en fer et le tapis se trouve dans un piteux état qu’on ne peut plus qualifier ce tas de ferraille de ring, et cela perturbe l’entraînement des boxeurs de la Section de Tana et même celui des membres de l’équipe nationale.
Et non si on se réfère à cette volonté des ligues à vouloir mettre en place une organisation à même de préparer au mieux la relève. Il y a surtout la qualification pour les Jeux Olympiques de Rio avec en filigrane les qualifications africaines qui auront lieu à Yaoundé au Cameroun. Madagascar va y envoyer, si on nous donne les moyens, deux hommes dont probablement les plus expérimentés du moment dont Lalaina Rabenarivo (-49 kg) et Soloniaina Razanadrakoto (-75 kg), ainsi que deux femmes venant de Toamasina. C’est vital pour la Fédération qui entend repartir du bon pied après cette trop longue traversée du désert et les Jeux des Iles où l’on a vu les plus mauvais résultats que la boxe ait connus ».
Midi : Mais on vous a donné un expert vazaha pour les Jeux des Iles de la Réunion ?
H.M.R. : « Vazaha oui. Expert, cela reste à prouver car ce Gérard Bouffet qui prétend être un ancien entraîneur ne figure même pas dans la liste des techniciens de l’AIBA. Mais le mal est fait, alors autant se tourner vers l’avenir qui a, cette fois, pour nom la célébration des 110 ans de l’entrée de la boxe à Madagascar. 1906-2016, cela fait en effet 110 ans cette année que la boxe est arrivée à Madagascar. Aussi, c’est légitime si nous envisageons de faire quelque chose de grand à cette occasion, prévue au mois d’octobre. Pour ce faire, nous avons lancé des invitations à la Russie, la France, la Turquie, le Maroc, l’Algérie, l’Afrique du Sud ainsi que l’île Maurice et les Seychelles. Madagascar présentera à ce tournoi deux équipes dont celle de 18 à 25 ans et celle de 26 à 36 ans dans le but d’en faire profiter la relève. La principale mission que nous nous étions fixés au sein de la Fédération, qui est là depuis seulement 2014 et qui n’aspire qu’à une chose : qu’on nous laisse travailler en paix et qu’on nous donne les moyens d’accomplir nos ambitions. »
Propos recueillis par
Clément RABARY
