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samedi, février 22, 2025
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Dossier : Tsihy, Introduction remarquée dans le monde de la mode

Les nattes tressées de Madagascar ou « tsihy » ne datent pas d’hier et font partie de la vie quotidienne des Malgaches depuis la nuit des temps.

Les « tsihy », un patrimoine culturel peu valorisé.

Le collectionneur naturaliste américain W. L. Abbott par exemple avait assemblé des objets en nattes tressées datant du XIXème siècle en 1895.

Mais elles n’ont pas eu l’heure de gloire qui leur est véritablement due.

En effet, selon des études sur l’art et le tressage malgaches, la vannerie et les nattes tressées ont été négligées par rapport à l’attention portée aux textiles tissés.

Dans leur étude sur les textiles du Sud-Est de Madagascar, les auteurs Walker, Fee et Krebs* on déclaré : « Si les étoffes tissées de Madagascar ont été étudiées de manière inégale par les chercheurs, les arts de la vannerie en général ont été purement et simplement négligés ».

Ces auteurs notent pourtant que, selon de nombreuses mesures, le tressage revêt une plus grande importance au quotidien que le tissage.*

Il est rare qu’un foyer malgache n’ait aucun objet en « tsihy ». 

La preuve : les différents objets de formes et de tailles diverses en « tsihy » dominent l’inventaire de la culture matérielle malgache. Les objets en fibres végétales tressées sont très diverses mais en majorité d’usage quotidienne : on peut citer la natte de couchage, le tsihy en substitut à la nappe pour manger par terre, le tsihy qui sert de support pour s’asseoir et discuter, les paniers pour faire son marché ou les contenants destinés à conserver des choses, le sac en « tsihy » pour les écoliers, les chapeaux, le « sahafa », l’ustensile de cuisine destiné à séparer les grains de riz de l’ivraie, la natte servant à recouvrir les sépultures lors des cérémonies de retournement de mort ou famadihana…et même le « tsihy » qui se décline en vêtements dans certaines régions.

Tsihy
Des objets du quotidien en “tsihy”

Par ailleurs, leur réalisation occupe la plus grande partie du temps des femmes vivant dans les campagnes malgaches. Cela est d’ailleurs toujours d’actualité.

Une femme de la Région Atsimo – Atsinanana qui a encore pour source de revenus le tressage de fibres végétales.

Pourtant, peu de recherches ont été consacrées aux techniques de fabrication de ces « tsihy » ou à leur valeur sociale et économique. Cette négligence appauvrit non seulement toute appréciation de l’étendue et de la polyvalence de la culture matérielle malgache, mais aussi la compréhension de ses traditions de tressage, des arts féminins et de la vie sociale dans son ensemble.

Ces manques d’informations mais aussi le fait que les objets en nattes tressées fassent partie du quotidien, ont joué un rôle dans le fait que les fibres végétales tressées soient perçues comme ayant un statut moins élevé que le textile.

« Les voyageurs européens ont, en général, jugé que les vêtements en nattes étaient peu flatteurs et légèrement ridicules […] », écrivent ces auteurs.*

Le « tsihy » ou la natte tressée apprivoise le catwalk

C’est justement pour remettre les pendules à l’heure sur cette mauvaise appréciation des fibres végétales tressées que la maison de couture et de prêt-à-porter de luxe Lovatsara.K a créé sa collection Tsih’K.

Cette maison de couture puise son inspiration dans cet héritage culturel malgache. En mettant en avant les savoir-faire traditionnels avec une approche contemporaine, la marque affirme sa volonté de propulser l’artisanat local sur la scène internationale. Il s’agit d’une manière subtile de réinterpréter avec audace et modernité le savoir-faire ancestral du tressage.

24 pièces uniques

Tsih’K est donc une collection assez particulière : elle met le « tsihy », un trésor culturel malgache, sous le feu des projecteurs, dans l’objectif de rendre à ce patrimoine de la culture malgache l’hommage vibrant qui lui est dû.

Cette collection riche de 24 pièces uniques et chatoyantes, pour homme et femme, tient à démontrer que les fibres végétales tressées sont pourvues de raffinement.

Chaque pièce exprime une quête d’excellence, où tradition et innovation s’entrelacent pour offrir des créations à la fois élégantes, contemporaines et porteuses d’émotion.

Soamamy Narove, co-gérante de Lovatsara.K précise d’ailleurs que « Le tsihy est plus qu’un textile : il raconte une histoire, celle de nos racines, de notre savoir-faire et de notre résilience » et elle ajoute : « Nous avons voulu lui donner une nouvelle dimension, en l’intégrant dans des créations modernes et élégantes qui reflètent l’âme de Madagascar ».

La collection a été dévoilée officiellement le 15 février dernier au Café de la Gare Soarano. Un catwalk a été aménagé pour sublimer chaque pièce de cette collection et surtout mettre en exergue l’aspect élégant du « tsihy ».

Ce premier défilé a été l’occasion de mettre en lumière le raffinement du tressage malgache, un art transmis de génération en génération.

« Nous voulons que chaque collection de Lovatsara.K soit une expérience sensorielle et émotionnelle », a souligné Matis Rakotomahanina,  le deuxième co-gérant de la maison de couture, sans oublier de préciser leur mission :  transformer le patrimoine malgache en une signature stylistique forte et intemporelle. 

Et cette première collection n’est donc que le début de cette aventure. Dans la continuité de leur engagement pour une mode qui allie héritage et modernité, un showroom sera prochainement ouvert à Ankorondrano. Ce nouvel espace permettra de proposer une immersion dans l’univers de la marque, où l’artisanat malgache et le luxe se rencontrent.

Les artisans de la marque ont travaillé avec passion pour faire de ce premier défilé un moment inoubliable

Hanitra Andria

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