Déjà en difficulté financière, l’Etat sera encore obligé de trouver de l’argent pour satisfaire les revendications syndicales à incidence financière.
La semaine qui vient de s’ouvrir semble être difficile à gérer pour le régime Rajaonarimampianina. Hier, le syndicat des douaniers de Madagascar (SEMPIDOU) a confirmé leur grève de 48 heures, et ce depuis hier. Pour le SEMPIDOU qui regroupe 1 200 douaniers dans tout Madagascar, c’est une grève d’avertissement. Son prolongement n’est donc pas à exclure. Les douaniers revendiquent entre autres le paiement de trois ans de prime et l’annulation de l’appel à manifestation d’intérêt portant sur le recours à une société privée pour effectuer le contrôle à posteriori des produits importés. « Nous cesserons notre grève dès que nos revendications seront satisfaites. Nous avons tenté de négocier pendant cinq mois, mais aucune solution n’a été trouvée.», a expliqué hier le président du syndicat des Douaniers, Andrianavalona Herizo. La Direction Générale des Douanes fait savoir dans son site web que « les employés des 19 bureaux des douanes malagasy observent une grève d’avertissement (…) et qu’aucun service minimum ne sera assuré. » Or, du côté des grévistes, on a laissé entendre qu’un service minimum est assuré pendant les deux jours de grève. Par ailleurs, les enseignants chercheurs membres du SECES (Syndicat des Enseignants Chercheurs de l’Enseignement Supérieur) durcissent le ton. Des tentatives de négociation avec des responsables au niveau du ministère de l’Enseignement Supérieur ont échoué. Raison pour laquelle ces enseignants-chercheurs ont décidé de suspendre les cours dans toutes les universités de Madagascar jusqu’à mercredi, jour où une grève générale serait décrétée. Hier, le président du SECES Antananarivo Ravelonirina Grégoire Sammy a lancé un ferme avertissement à l’endroit des responsables du ministère de tutelle qui sont tentés de verser dans les menaces verbales pour les faire reculer.
Argent liquide. Quant aux greffiers, ils se préparent aussi à observer une grève à partir de mercredi prochain, jour où ils tiendront leur assemblée générale extraordinaire à la Salle n°4 du tribunal d’Anosy. Outre leurs revendications salariales, le syndicat des greffiers de Madagascar s’insurge contre une décision du ministère de la Justice portant atteinte à l’exercice normal de leurs fonctions. En tout cas, les douaniers, les enseignants chercheurs et les greffiers mènent des revendications majoritairement à incidence financière. Donc pour pouvoir les satisfaire, il faut que l’Etat trouve de l’argent et non plus des promesses. Or, force est de reconnaître que l’Etat est en difficulté financière depuis un certains temps. Les 10 milliards de dollars promis à Paris lors de la Conférence des Bailleurs et des Investisseurs (CBI) n’arrivent pas. Des pays comme la Chine avec lesquels le régime en place entretient ces derniers temps de bonnes relations ne donnent pas de l’argent liquide. En un mot, les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux semblent réticents face à un régime qui n’est pas décidé à avancer dans le processus d’une vraie réconciliation nationale et à pratiquer la bonne gouvernance dans la gestion des affaires d’Etat. Bref, le régime Rajaonarimampianina est confronté à des foyers de tension qui risquent de faire exploser la situation socio-économique, voire politique du pays, avec la revendication par une plateforme d’opposition d’un gouvernement de consensus.
R. Eugène