Capitaine Faneva, marié et père de famille, est celui qui sert d’ogre pour les enfants « dors, calme-toi sinon le capitaine Faneva va passer ». Et il y a un effet immédiat. Commandant de compagnie de Fort-Dauphin, le capitaine Ralaiavy Fanevarison Onimihary a 30 ans. C’est un scout et membre d’une chorale. C’est lui qui anime souvent ses troupes et leur apprend des chansons militaires. Il a grandi à Miandrivazo ensuite à Vangaindrano avant d’entrer au SEMIPI ou école militaire pour les jeunes. Joignant ensuite l’Académie militaire. Aimant courir, il a fait de l’athlétisme en 1500m et 8km ainsi que du sport de combat. « Ce qui me fait peur ? C’est l’effet surprise des attaques sur mes hommes et ils risquent de se blesser ». Aux gens qui le critiquent, il répond tout simplement « Je n’ai ni zébu ici, aucun terrain. Ma mission est de rétablir la paix. J’essaie de conscientiser ces gens pour réintégrer une vie sociale normale. Nous ne sommes pas là pour sanctionner. Je leur ai dit de se prendre en main, de s’entraider pour s’en sortir. Là c’est bon. Je lance même des appels à ceux qui ont émigré ailleurs de revenir. »
« Je ne crains rien. Mes hommes en me voyant ainsi se donnent du courage aussi. Au début je les ai presque forcés pour ne pas avoir peur. Mais là, ils suivent le mouvement. Car la peur est un mauvais conseiller. Nous faisons des préparations physiques, morales et je fais faire des tests aussi. Quand je vois que certains ont des problèmes de famille, vivent des cas sociaux ou ne sont pas en forme, je les laisse dans la caserne car cela risque de gêner tout le monde. Je sais, je sens aussi quand il ne faut plus y aller ». Là, c’est la population qui le respecte ainsi que les « dahalo ».
Capitaine Harena. Capitaine Rakotomalala Harena, l’élément qui guide le détachement des FIGN à Amboasary et menant plus de 50 hommes. «Peur ? Non. Nous sommes aguerris, les hommes aussi. On a eu des préparations, des stages ici ou à l’étranger. C’est la famille à la maison qui a peur pour nous. Normal car ce sont des humains. Mais là, ça va ». Le seul problème pour lui, ce sont les moyens « il y a vraiment des zones inaccessibles sauf par voie aérienne. J’ai déjà emmené mes hommes faire des marches de 20 heures pour escalader une montagne. Ils étaient fatigués mais on a réussi notre attaque. Notre ennemi, c’est le terrain. Pas d’eau, terrain escarpé, c’est dur. Si on recule, on échoue. Donc on avance et voilà les résultats ». Célibataire, il a 30 ans et aime jouer au football. Il fait aussi de la boxe, du kickboxing. Très chrétien, il va à l’église autant que possible. « Le plus dur, c’est le stress de l’action. Mais heureusement qu’il y a cette solidarité des gens en mission. L’unité qui est là est composée de gendarmes de corps différents : Mahazoarivo, Ambatolampy, Arivonimamo, Ivato, Fort-Duchesne, nous voulons un regain de confiance de la population envers les « dahalo » repentis. Est-ce possible ? C’est à eux maintenant ».
Recueillis par Anny Andrianaivonirina
Envoyée spéciale à Tranomaro Amboasary Sud.