C’est le constat majeur à l’issue de la rencontre/ échange organisée par l’Ong Ilontsera (Observatoire des Médias à Madagascar), pour marquer la journée mondiale de l’accès à l’information, qui est célébrée ce jour.
Dans le cadre de la célébration de la journée mondiale du droit d’accès à l’information -célébrée le 28 septembre l’Ong Ilontsera, Observatoire des médias à Madagascar, a organisé une rencontre entre les organisations de la société civile œuvrant pour les droits humains et les journalistes. La rencontre s’est tenue dans la capitale. Par le partage d’expériences et de visions de quatre acteurs intervenants dans le milieu, le rôle crucial et l’utilité publique d’un journalisme libre et responsable, est ressorti comme la pierre angulaire de droit d’accès à l’information. En effet le journaliste en informant et en éduquant le public, joue le rôle de passeur et de facilitateur entre les gouvernants et les gouvernés. Il s’agit ainsi d’une contribution en faveur de la démocratie, car l’accès à l’information permet au citoyen, non seulement de connaître ses droits, mais aussi de promouvoir sa participation citoyenne.
Compromis. Dans le cas malgache, ce rôle, certes noble, est toutefois compromis par une contingence de facteurs. Des facteurs contingents tels que l’avènement non maîtrisé et mal régulé du digital, les conditions de travail parfois « lamentables » des journalistes, ou encore la baisse de niveau et la « désolidarité » dans le corps du métier, etc. Bref autant de facteurs, qui, s’ils ne justifient pas le manque d’éthique et de déontologie, compromettent toutefois la pratique d’un journalisme totalement « libre et responsable ». Mais aussi et surtout, comme l’a soulevé Monique Rakotoanosy, Enseignant chercheur et fondatrice de l’ONG Ilontsera : « Une trop forte tendance à la concentration, doublée d’une excessive marchandisation/ financiarisation des médias. Car il faut bien voir la réalité en face, les patrons de presse ne font pas « du social business ». Leurs convictions personnelles mises à part, ils sont avant tout, guidés par des visées mercantiles, des objectifs marketing à atteindre, une entreprise à faire fonctionner. Hélas, cela influence inévitablement le travail de leurs collaborateurs (même si les degrés varient d’un organe à un autre) ; et au final c’est l’opinion, le citoyen qui est lésé. »
Renverser la tendance. Face à ce constat plutôt triste, le rejet du fatalisme et du stoïcisme est de rigueur, car oui, il est possible de renverser la tendance, si l’on s’en tient à la rencontre d’hier. Comment ? Commencer par une amélioration des conditions de travail des journalistes (par exemple par le biais d’une convention collective) est un bon début. Mais de leur côté, ceux-ci, comme l’a indiqué l’une de leur consœur durant la rencontre, « ne devraient pas attendre les bras ballants que leur rôle de 4e pouvoir leur soit attribué et reconnu, ils doivent se battre pour, en renforçant notamment leurs capacités et en abandonnant la culture de la peur, voire l’auto-censure ». Le directeur régional de la Communication et des Relations avec les Institutions, Miary Rasolofoarijaona a quant à lui, insisté sur l’utilité sociale et l’intérêt public du journalisme et sur le fait que, quand même, il existe des journalistes qui s’efforcent de bien mener leur mission. Dans cette période cruciale, qu’est la période électorale, il a notamment soulevé l’importance de la création d’un centre de presse équipé (connexion, matériel, etc.) dédié aux journalistes pour qu’ils puissent correctement, apporter leur contribution à des élections réellement démocratiques et transparentes, en informant/ éclairant les électeurs sur tous ces candidats, parmi lesquels ils vont choisir leur président. Toutefois, avec l’évènement récent qui s’est produit sur l’annulation de la publication d’un sondage démocratique suivi d’un débat, chiffres à l’appui, laisse perplexe et sceptique à ce sujet.
Luz Razafimbelo