
Voilà maintenant plusieurs jours que la promotion et la protection des droits humains font l’objet d’une mobilisation en masse. Dans la programmation, le film de Nantenaina Fifaliana a été projeté hier au Plazza Ampefiloha.
Plus qu’un film, « 28 ans plus tard » de Fifaliana Nantenaina traite d’un sujet épineux. La détention préventive excessive qui fait plus de victimes que l’on ne le pense. Dans « 28 ans plus tard » c’est la propre mère du réalisateur qui incarne la figure de la victime. Une femme parmi tant d’autres, une proie du système judicaire malgache. En 27 minutes, le large public a eu un aperçu de « l’enfer sans flamme » qu’Emma Ramamonjisoa peint à travers ses mots, et ouvre une fenêtre sur la dure réalité dans les milieux carcéraux. Dans ses propos, elle n’hésite pas car « si je ne parle pas, je serais complice de cette injustice ».
Le film en revue retrace une pièce de l’enfance du cinéaste « c’est l’histoire de ma mère qui a été emprisonnée. Elle raconte une réalité déconcertante en préparant le repas et allant faire des courses ». Elle y relate son histoire qui s’est passée en 1991 après s’être fait arnaquer par une dame. Elle raconte en gros les horreurs qu’elle a vécues dans la prison d’Antanimora pendant six mois. « Je voulais faire ce film depuis pas mal de temps parce que c’est un drame qui mérite d’être raconté. Je dis un drame familial car j’ai été privé de ma mère six mois de mes premiers jours en tant qu’enfant», poursuit-il. Le réalisateur se passe de musique de fond. Chaque voix, chaque bruit de fond, donne encore plus de dimension au film, et attire toute l’attention du spectateur sur l’essentiel. Dans le film, Emma Ramamonjisoa qualifie la prison d’ « enfer sans flamme ». La carence alimentaire et les aléas des prisons inadmissibles. Des conditions d’incarcérations précaires pour lesquels Amnesty international et plusieurs Ong malgaches tentent de mettre à la lumière du jour. A la fin de la projection, d’autres victimes ont apporté des témoignages poignants qui ont suscité mille et une questions sur le sujet, malgré la situation actuelle qui reste néanmoins « difficultueuse ».
Zo Toniaina