
L’eau potable, l’assainissement et l’hygiène, bien qu’il s’agisse de droits fondamentaux pour tous, restent difficilement accessibles aux femmes, aux filles et aux personnes en situation de handicap.
« La situation vécue par les femmes, les jeunes filles et les personnes handicapées est difficilement descriptible lorsqu’on parle du secteur de l’Eau potable, l’Assainissement et l’Hygiène (EAH) à Madagascar. Ces besoins primaires en EAH trouvent très peu de satisfaction au quotidien ». La sonnette d’alarme a été tirée hier, dans le cadre d’un atelier organisé au Motel Anosy, sur ce volet genre et inclusion dans le secteur WASH (Water, sanitation and hygiene) à Madagascar. L’initiative vise à sensibiliser les participants pour une meilleure prise en compte de l’importance du genre et de l’inclusion des personnes handicapées, des femmes enceintes ou non et des jeunes filles dans le secteur WASH.
Pratiques. Les corvées de l’eau, toujours affectées aux femmes et aux jeunes filles, compromettent le reste de leur vie au quotidien. En raison de cette tâche, les filles sont contraintes à négliger l’école, tandis que pour les femmes, elles compromettent leurs activités leur donnant accès à des rentrées d’argent pour le ménage. En outre, l’éloignement des points de puisage et des latrines les expose à des dangers, notamment les agressions. Quant à l’hygiène, de nombreuses femmes, durant leurs menstruations, doivent attendre la nuit pour se laver et ne disposent pas des outils nécessaires pour gérer sainement et dignement cette période des menstruations. S’y ajoute les difficultés d’ordre culturel, dans la mesure où de nombreuses communautés, notamment leurs membres masculins, stigmatisent encore les femmes, à travers des interdits, voire des situations d’isolement, quand il s’agit de la menstruation. Pour les femmes enceintes, les dispositifs existants ne sont pas adaptés à leurs caractéristiques physiques. L’accès aux toilettes est difficile, compliquant leur grossesse car elles sont parfois contraintes de se retenir de longs moments, avant de pouvoir se soulager et vider leur vessie.
Planification. Les acquis de l’atelier d’hier ont permis aux participants issus des ministères concernés, notamment ceux en charge du secteur EAH, de la Santé publique, de l’Éducation, de la Population et de la Promotion de la Femme, de disposer des éléments nécessaires en vue de futures démarches de planification et d’identification d’indicateurs en lien avec ces dimensions genre et inclusion. Martina Nee, conseillère en Égalité et Inclusion de WaterAid Suède, a fait le déplacement jusqu’à Madagascar pour appuyer WaterAid Madagascar de cette formation. Pour sa part, le Dr Odile Michèle Randriamananjara, directeur,de WaterAid a déclaré que, l’aspect légal et institutionnel est nécessaire pour mieux cadrer les dispositifs légaux auxquels devront se soumettre toutes les entités œuvrant dans ce domaine, d’où la présence des ministères-clés.
Ainsi, tout programme inclusif et équitable se doit de planifier et de mettre en œuvre des activités sensibles au genre et à l’inclusion. L’accès aux infrastructures WASH doit être facilité, et leur conception et construction doivent être menées de manière à assurer la dignité et l’aisance de toutes les catégories de futurs utilisateurs, y compris les femmes, enceintes ou non, et les personnes handicapées. Notons la mise en œuvre depuis six mois, d’un projet de WaterAid intitulé Mind the Gap (signifiant Considérer le fossé), dont l’une des premières activités est l’atelier d’hier.
Hanitra R.