
Madagascar ne doit pas rater le coche. L’occasion du Forum politique de haut niveau sur le développement durable (HLPF) qui se tient depuis lundi dernier au siège des Nations Unies à New York, et au cours duquel on passera en revue les Objectifs de développement durable (ODD), représente un tournant crucial pour Madagascar en matière d’eau, d’assainissement et d’hygiène (EAH). Car pour le pays, les progrès actuels ne permettent pas d’honorer la promesse de garantir à tous, une eau potable et des toilettes sûres d’ici à 2030. Or, le non accès à l’eau salubre et à l’assainissement décent est aujourd’hui identifié comme à l’origine du cercle vicieux de la pauvreté et de la maladie.
Dans 263 ans ! Selon WaterAid, organisation internationale œuvrant en faveur de l’accès à de l’eau salubre, des toilettes décentes et une bonne hygiène pour tous, cet objectif d’accès à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène à Madagascar ne sera pas atteint, si l’on garde la cadence actuelle, avant respectivement 2069 et …2281! Soit dans 263 ans. La Grande île est, en effet, largement à la traîne : 49% de la population sont aujourd’hui privés d’un accès élémentaire à l’eau, et 90%, de toilettes décentes. Selon toujours WaterAid Madagascar, le pays doit faire de l’EAH une priorité, autrement l’ODD 6 – qui consiste à garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et à assurer une gestion durable en eau d’ici à 2030 – ne sera pas atteint. Pourtant, le chef de l’Etat a justement fait de cet horizon 2030 une échéance pour placer le pays sur le chemin de l’émergence à travers son plan « Fisandratana 2030 ».
Financement et retour d’investissement. Cette occasion du HLPF au cours duquel l’ODD 6 sera passé en revue, est alors un rendez-vous important pour Madagascar. Sur ce volet de l’EAH repose, en effet, l’atteinte de plusieurs autres objectifs de développement durable : si l’accès à l’eau, à un assainissement décent et à une bonne hygiène n’est pas assuré, d’autres objectifs de développement durable, entre autres, ceux relatifs à la santé, l’éducation, la nutrition, etc… ne seront pas atteints. Il importe ainsi de considérer la question comme une urgence. Plus concrètement, il s’agira pour le pays d’y consacrer les financements nécessaires dans les plus brefs délais pour espérer un « retour d’investissement » appréciable. D’après les études réalisées sur la question, chaque dollar investi dans l’eau et l’assainissement rapporte en moyenne quatre dollars de gains économiques. « Le gouvernement de Madagascar doit accorder la priorité à l’eau, l’assainissement et l’hygiène – les piliers fondamentaux de toute communauté prospère – et s’assurer que des financements suffisants sont mis en place afin de bâtir un pays plus durable, aujourd’hui et pour les générations futures… », a affirmé Lovy Rasolofomanana, directeur pays pour WaterAid Madagascar.
Rappelons qu’au niveau mondial, 884 millions de personnes sont encore privées d’eau potable. En matière d’assainissement, une personne sur trois vit sans installation sanitaire adéquate dans le monde. A Madagascar, cette proportion est de neuf personnes sur dix…
Hanitra R.