Le Gouvernement veut aujourd’hui miser sur l’économie bleue. Mais dans la région Diana, plus précisément dans les environs de la baie d’Ambodivahibe, ce concept n’est plus nouveau pour les communautés locales. Des projets allant dans ce sens ont déjà été lancés depuis 2006, grâce à une collaboration entre ces communautés et Conservation International, pour la gestion durable des ressources marines. « Cette gestion durable s’inscrit également dans le cadre de la préservation de la biodiversité. Des recherches menées en 2006, puis en 2010, ont montré l’existence de richesses en biodiversité dans la zone en question. Nous avons commencé à penser à la mise en place d’aire protégée marine. Aujourd’hui, la pêche est réglementée. Pourtant, les pêcheurs gagnent beaucoup plus qu’auparavant », a affirmé Luciano Andriamaro, director Sciences and Knowledge au sein de Conservation International Madagascar. En effet, la saison de pêche est fermée pendant 3 à 4 mois par an à Ambodivahibe, avec le consentement des groupes de pêcheurs. Au départ, cette réglementation n’enchantait guerre les pêcheurs, mais avec les bons résultats des premières communautés volontaires, les autres ont été séduites et la démarche fait aujourd’hui tâche d’huile.
Améliorations. Les réserves marines étaient à craindre avant l’intervention de Conservation International à Ambodivahibe. « Nos butins ont diminué au fil du temps. Autrefois, chaque pêcheur pouvait avoir jusqu’à 50 kilos de poulpe. En 2006, avant la gestion durable, il était très difficile d’avoir plus de 20 kilos, même pour les meilleurs pêcheurs. Et suite à la première année de réglementation, nos avions obtenu 600 kilos de poulpes, lors de l’ouverture de la saison de pêche. En 2011, ce chiffre est monté à 1 tonne, puis à 3 tonnes en 2013. Aujourd’hui, nous avons obtenu plus de 4,5 tonnes de poulpes, rien que durant l’ouverture officielle de la saison de pêche. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. La gestion durable est efficace et les résultats ne cessent de s’améliorer », a confié Justin Kinkou, président représentant des pêcheurs à Ambavarano, commune rurale de Mahavanona, Antsiranana, lors de l’ouverture officielle de la saison de pêche dans la baie d’Ambodivahibe, samedi dernier. D’après les pêcheurs, les résultats pour cette année auraient même dû être meilleurs, mais des difficultés sont survenues au niveau de la surveillance de l’aire protégée marine, malgré la mise en place du « Dina », déjà légiféré par le tribunal. 11 pirogues de braconniers ont été interceptées depuis la fermeture de la pêche en novembre 2014. Malgré ces infractions, les pêcheurs ont amélioré leurs résultats avec les poulpes qui pèsent jusqu’à 8 kilo l’unité. Malgré l’efficacité de la démarche, les difficultés de la commercialisation des produits représentent toute une autre histoire pour les pêcheurs.
Antsa R.