
L’histoire et l’économie politique de Madagascar constituent un cas spécifique, voire énigmatique par rapport à ses voisins africains et à l’Asie du Sud-est. Mireille Razafindrakoto, François Roubaud, tous deux économistes et statisticiens et Jean-Michel Waschberger, agrégé en Sciences sociales, ont planché dessus durant 23 ans. Ils ont présenté l’ouvrage « L’énigme et le paradoxe », fruit de leur dur labeur et de leur collaboration hier à l’Hôtel Panorama.
Edité conjointement par l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et l’Agence française de Développement (AFD), l’ouvrage a été lancé en présence de l’Ambassadeur de France, SEM Véronique Vouland A. D’autres personnalités du monde de la recherche et de l’enseignement étaient aussi présentes en tant que panélistes : Panja Ramanoelina, Président de l’Université d’Antananarivo, Désiré Razafindrazaka, Directeur du cabinet COEFF Ressources et Harizaka Rahaingoson. La présentation était captivante, étayée par des faits et le débat fut riche, tout à fait « loin d’une discussion de cafés de commerce » comme l’a dit avec humour F. Roubaud hier.
Enigme et paradoxe. Selon les auteurs, l’équation « énigme+ paradoxe » résumerait l’économie politique de Madagascar, ils ont développé ce concept sur 280 pages répartis en cinq chapitres. L’énigme tient du fait que Madagascar soit résolument unique économiquement en comparaison avec ses voisins africains, desquels il est séparé par une « brèche géante ». Le niveau de vie des Malgaches ayant chuté depuis 1960, malgré l’absence de « conflits majeurs ». Le paradoxe quant à lui relève du fait qu’à chaque fois qu’une croissance économique s’annonce, une crise sociopolitique survient pour « tout mettre à bas » selon les termes de F. Roubaud.
Relance. Pourtant la relance est possible, comme l’a martelé M. Rakotomalala : « La relance économique est possible, les facteurs structurelles sont là, mais ce qui manque c’est la consolidation et la considération de la participation citoyenne, la population fait figure de « grande oubliée » et des élites et des politiques ». Par ailleurs, retenu en France, J-M Waschberger était absent à la cérémonie d’hier. Mais il sera sûrement présent au lancement officiel sur Paris en salle Jacques Alliot 5, rue Rolland Barthes. Selon D. Razafindrazaka : « L’ouvrage apporte un éclairage percutant sur des évènements cycliques qui tendent à ralentir le développement de Madagascar ». A lire absolument.