
Le gouvernement projette de mettre en place une éducation de qualité pour tous à Madagascar car pour l’instant, force est de constater qu’il y a un fossé entre le niveau des élèves scolarisés dans les grandes villes et ceux dans les coins reculés. Néanmoins, « étudier à la campagne ne serait pas un désavantage », selon Mandimby Ramasimanana, enseignant dans une école publique en milieu rural.
À 32 kilomètres d’Antananarivo, ce n’est plus tout à fait la même situation. Les enfants de l’école primaire de Maharidaza doivent parcourir plus de trois kilomètres pour rejoindre leur école. De plus, ils ne sont pas nourris convenablement chez eux en raison du faible revenu de leurs parents. Ceci témoigne des conditions déplorables des enfants des zones reculées du pays. Ceci dit, cela n’empêche pas la communauté de s’investir dans l’éducation de leurs enfants. Pour le cas de l’EPP Maharidaza, outre l’aide de l’association Un Repas pour un Enfant, les parents des élèves et le comité de direction de l’école ne cessent de redoubler d’ambition pour offrir aux enfants un cadre propice à l’apprentissage. Si l’association du Dr Josoa Rasolofomamonjy a fait construire une cantine et une cuisine pour l’école, les parents et la direction de l’école témoignent de leur engagement, puisqu’ils sont aussi à l’origine de plusieurs améliorations au sein de l’école. Anasthasie, directrice de l’établissement, a expliqué : « Nous cherchons tous les moyens pour faire fonctionner l’école. Nous commercialisons par exemple du bois grâce à nos reboisements. Cela dit, nous avertissons le ministère de chaque initiative que nous prenons car c’est le règlement ». Et avec les bénéfices, l’école a pu s’acheter des briques qui vont permettre de parfaire l’enclos de l’école et d’effectuer certains travaux.
Avantage ou désavantage ? « Enseigner certaines matières comme les sciences naturelles aux enfants de la campagne est plus simple. En effet, il leur est plus facile de comprendre certaines choses en rapport avec l’agriculture et la nature puisque cela correspond à leur quotidien », avance Mandimby Ramasimanana, enseignant dans une EPP située en zone rurale. « En revanche, ces enfants ont aussi leurs faiblesses, notamment parce qu’ils n’ont pas accès à la télévision, à internet et aux livres, à l’inverse des enfants des grandes villes », a-t-il ajouté, avant de suggérer que le programme scolaire devrait être adapté à chaque milieu, de manière à ce que l’éducation réponde au besoin réel de la société.
Covid-19. Les difficultés de l’éducation à la campagne ont été aggravées par la crise sanitaire. « Certains d’entre nous doivent prendre le taxi-brousse tous les jours pour venir à l’école. Mais depuis, les frais de transport ont doublé, et les transporteurs exigent de longues procédures, conformément à ce qui a été déclaré par le ministère des Transports », s’est plainte Anasthasie de l’école de Maharidaza. Par ailleurs, l’approvisionnement de la cantine scolaire connaîtrait aussi quelques soucis, en raison de la hausse des prix des produits frais sur le marché. Mais tout ceci est loin de décourager les habitants de la campagne, qui s’investissent corps et âme pour la réussite de leurs enfants. Lors de notre passage à Maharidaza hier, les parents étaient en pleine réunion pour finaliser le projet FEFFI, ou Farimbon’Ezaka ho Fahombiazan’ny Fanabeazana eny Ifotony.
Anja RANDRIAMAHEFA