
L’éducation numérique entre dans le cadre de la mise en œuvre du Plan sectoriel de l’Education. Le directeur des Technologies de l’Information et de la Communication (DTIC) auprès du ministère de l’Education nationale a accepté de nous livrer quelques explications.
Midi Madagasikara : Pourquoi cet engouement pour l’introduction du numérique dans l’éducation nationale ? Est-ce une priorité ?
DTIC: Face à l’évolution du numérique et l’interdépendance entre les NTIC et l’enseignement, l’introduction de l’éducation numérique au niveau des établissements publics figure parmi les solutions apportées par le MEN afin d’améliorer la qualité de l’enseignement. En effet, l’introduction des produits des NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication) favorise le partage de connaissance de l’enseignant aux élèves. L’exemple de l’utilisation du vidéoprojecteur durant les cours me paraît le plus simple. Le recours à cette technologie qui permet une certaine interactivité aide à se défaire de l’enseignement trop théorique et trop abstrait actuel. Adapter l’enseignement de façon à répondre aux besoins des élèves de la génération Z (hyper connectée) pourrait donc améliorer la situation de l’éducation dans le pays. L’introduction des NTIC au niveau des établissements, surtout les lycées, est la meilleure des solutions.
M.M : Pourquoi se focaliser sur les lycées ?
DTIC : Le contexte actuel démontre que sur près de 7 000 000 d’élèves (du niveau préscolaire au niveau Terminales) que comptent le système éducatif, seuls 370 000 enfants atteignent le niveau Terminales. Soit 5,38% de la totalité des élèves. Ceux-ci, les 5,38%, constituent ainsi l’avenir du pays, les futurs entrepreneurs et les futurs dirigeants (es) qui auront la lourde tâche de développer le pays. Il paraît dans ce cas légitime de se concentrer sur la question du « comment faire en sorte de leur donner les outils nécessaires et les plus modernes pour faire face au développement actuel, dont celui du numérique atteint une vitesse fulgurante ». Un exemple plus terre à terre est aussi celui d’équiper les futurs bacheliers des connaissances adéquates pour qu’ils puissent avoir les mêmes niveaux que ceux des autres pays. Il convient de rappeler que la maîtrise des NTIC est primordiale pour la réussite aux études supérieures.
M.M : Existe-t-il des mesures d’accompagnement afin de renforcer les capacités des enseignants en matière de NTIC ?
DTIC : En effet, à l’ère du numérique, l’enseignant est appelé à se passer du rôle de soliste à celui d’accompagnateur aidant ses élèves à trouver, à organiser et à gérer les savoirs. L’enseignant n’est plus un transmetteur de savoir, mais un accompagnateur. L’hyper connectivité de la génération Z fait toutefois que les enseignants sont parfois dépassés par les évènements. Une situation embarrassante pour les enseignants concernés qui pourraient voir en la nouvelle technologie un adversaire et non un allié. Des formations pour le renforcement des capacités des enseignants sont prévues dans le cadre de la politique nationale de l’intégration des TIC (Politique TICE) dans le système éducatif.
M.M : Les perspectives du MEN en matière de NTIC ?
DTIC : Un projet d’implantation de salles numériques dans cent établissements publics de Madagascar est ce à quoi s’attelle le ministère actuellement. Financé par l’Agence Française de Développement, ce projet consiste à doter chacun de ces cent établissements de douze à quinze ordinateurs. Devant bénéficier à neuf régions, ce projet viendra également appuyer les efforts menés dans la mise en œuvre de l’éducation numérique. Il convient de rappeler que la moitié des lycées publics que compte le pays (400 en tout) dispose actuellement de bibliothèques numériques. Avec le projet de mise en place de cent nouvelles salles numériques, l’écart entre les districts dans l’accès à la NTIC s’en retrouve grandement diminué.
Recueillis par José Belalahy