Plusieurs milliers de CV collectés en deux jours au MAGRO après l’annonce d’une vague de recrutement au sein du groupe TIKO. Çà se bouscule au portillon… d’Ankadifotsy, lieu de réception des dossiers de candidature au concours direct organisé par la direction générale des douanes, pour s’informer, sinon, déjà déposer son dossier en vue de prendre le départ d’une course qui comptera certainement, elle aussi, des milliers de concurrents.
Effet d’optique
Cette grande ruée vers ce qui est présenté comme une opportunité d’embauche, est à l’image de la grande détresse de la jeunesse actuelle, frappée par le chômage et le sous-emploi. L’INSTAT avance un taux de chômage de 3,8% à Madagascar. Un chiffre qui, à y voir de plus près, reflète mal la situation actuelle en termes d’emploi et de chômage, car ne tient pas compte d’un phénomène généralisé qu’est le sous-emploi et le chômage déguisé. Sachant que 4 millions de la population active sont au chômage et qu’environ 500 000 jeunes par an arrivent sur le marché du travail sans que celui-ci ne soit en mesure de les absorber, point n’est besoin de commenter davantage.
En proie à un mal-être qui la pousse à l’oisiveté, si elle ne dévie pas vers d’autres activités illégales, voire poussée à des extrémités comme le banditisme, la jeunesse malgache se démotive, étouffe. Des études inaccessibles pour certains, des diplômes devenus bien inutiles pour d’autres, car ne conduisent pas vers un emploi et encore moins vers le métier rêvé. La désillusion est grande pour un titulaire d’un master 2, voire d’un doctorat, quand il est contraint d’exercer un métier de chauffeur de taxi qui ne nourrit plus son homme. On lui reprochera de ne pas s’être suffisamment battu, de manquer d’imagination, d’ambition et de rage de vaincre. Mais dans une arène où les règles du jeu ne sont là que pour le décor, dans un pays où rien ne s’acquiert sans payer, la lueur du bout du tunnel tant espérée par les moins pessimistes n’est qu’illusion. Un effet d’optique qui ramènera inévitablement à la dure réalité que les neurosciences ne parviendront sans doute jamais à adoucir.
Hanitra R.