Tous les regards sont rivés vers la Haute Cour Constitutionnelle. La tension politique est en train de monter malgré un calme apparent. Les avocats qui assurent la défense des deux parties, députés et président de la République, se sont rencontrés. Les premiers ont invoqué le non- respect de la laïcité de l’Etat, la non- mise en place de la Haute Cour de Justice, les lois non promulguées dans les délais, les seconds ont insisté sur l’irrecevabilité de la requête pour vice de procédure. La démarche que les députés ont suivie est pour eux le coup d’Etat constitutionnel. Qui a raison, qui a tort ? Il reste maintenant à la Haute Cour de délibérer et de rendre sa décision sur cette requête en déchéance du président de la République déposée par des députés de l’Assemblée nationale.
Effets dévastateurs
En attendant le verdict, c’est l’affaire Lanto Rakotomanga et le milliard trouvé dans la voiture qu’elle conduisait qui défraient la chronique. Une enquête est ouverte. Elle aurait été auditionnée sans succès hier sur son lit d’hôpital. De même son assistante parlementaire qui a été dans la voiture avec elle au moment de l’interception par les forces de l’ordre. Cette affaire que les autorités ne minimisent pas continue de nourrir interrogations et suspicions et alimente les conversations du public. En outre, des mouvements de grève sont pparus. Ils concernent les étudiants de Vontovorona qui réclament leurs bourses d’études impayées, le personnel des domaines qui n’a pas eu satisfaction dans leurs revendications et le personnel d’Air Madagascar qui brandit la menace d’en arriver là en réclamant le départ du DG et du ministre en passant par le PCA. La direction générale de la compagnie a réagi pour s’excuser devant la perturbation des vols que cela aurait entraînée hier aux passagers des avions. Elle affirme avoir pris toutes les dispositions pour assurer la continuité de l’exploitation des vols. Mais c’est l’issue du bras de fer entre les députés et le président de la République que le public attend avec impatience. La Haute Cour Constitutionnelle devrait, d’après les bruits qui circulent, rendre sa décision cette semaine. La sécurité de son siège à Ambohidahy assurée par les forces de l’ordre n’a sans doute jamais été aussi forte que maintenant pour permettre aux hauts conseillers de délibérer sereinement. Mais quelle que soit la décision qui sera rendue, le pays mettra encore du temps pour avoir une vie démocratique normale. Quand les institutions de l’Etat s’entretuent au lieu de s’unir, les effets sont dévastateurs sur l’avenir du pays et de son développement.
Zo Rakotoseheno