
Le préfet d’Antananarivo, Angelo Ravelonarivo, annonce le report des élections des chefs de fokontany prévues pour ce dimanche 26 octobre, en raison du délai jugé trop court pour organiser le scrutin.
L’élection des chefs de fokontany, qui devait se tenir ce dimanche 26 octobre dans les 192 fokontany de la capitale, est finalement reportée. Cette décision a été confirmée hier par le préfet d’Antananarivo, le général Angelo Ravelonarivo, au micro d’une station privée de la capitale. Selon ses déclarations, le scrutin sera reprogrammé à une date ultérieure, conformément aux directives émises par le Secrétaire général du ministère de l’Intérieur. Le général Ravelonarivo a expliqué que plusieurs responsables locaux estimaient que le délai imparti était trop court pour organiser le processus électoral dans de bonnes conditions. Cette situation a donc conduit à la décision de repousser l’élection des chefs de fokontany.
Apaisement politique
Lors de l’annonce initiale, le préfet avait précisé que le vote se ferait à main levée et que tout résident serait éligible pour se porter candidat. Cette méthode, qui peut sembler plus ouverte, a cependant été perçue par certains observateurs comme une tentative d’apaisement politique plutôt que comme un véritable changement. Elle intervient dans un contexte tendu au sein de plusieurs fokontany, où la légitimité des autorités locales est largement remise en question. Certains y ont vu une simple application du décret n°2007-620 régissant les fokontany. L’article 5 de ce texte stipule en effet que « le fokonolona, à l’appel du chef de district, doit tenir une assemblée et proposer cinq noms, parmi lesquels le délégué au maire d’arrondissement choisira le futur chef de fokontany et son adjoint, tandis que le chef de district les désignera par arrêté ».
Considérations politiques
Cependant, cette procédure est rarement respectée à la lettre. Depuis des années, la désignation des chefs de fokontany se fait souvent en dehors des règles, par des nominations venant d’en haut, souvent dictées par des considérations politiques ou sous pression des élus, notamment des députés. Ces derniers, soucieux d’imposer « leurs hommes » à la base et conscients des rôles joués par les chefs fokontany dans les différents processus électoraux, exercent des pressions pour s’assurer de la loyauté des chefs fokontany. D’ailleurs, des sources locales indiquent que de telles pressions sont déjà ressenties dans le 5ᵉ arrondissement de la capitale, alors même que les députés ne font pas partie des autorités habilitées à intervenir dans le processus. Une rencontre entre le préfet d’Antananarivo et les députés s’est d’ailleurs tenue hier, à Tsimbazaza.
Restructuration en profondeur
Dans un contexte où le discours officiel prône la « refondation de la République », les attentes du fokonolona sont claires : ils appellent à une restructuration en profondeur du système, avec notamment une révision du texte de loi régissant les fokontany. Pour ces derniers, il ne s’agit pas seulement de réorganiser un échelon administratif, mais de transformer les fokontany en de véritables collectivités territoriales. Leur principale revendication ? L’instauration d’une élection au suffrage universel direct, par vote secret, pour élire les chefs fokontany. Une réforme qui, selon eux, permettrait de garantir une plus grande autonomie et une plus juste représentation des citoyens, sans interférence politique ni manipulation administrative.
Julien R.


