
La HCC et la CENI ne seront pas restructurées ou recomposées avant le 07 novembre.
Sur la Place du 13 Mai, seule la députée TIM Hanitra Razafimanantsoa a remis en cause la neutralité des organes en charge d’organiser l’élection présidentielle, et de proclamer le résultat de ce scrutin, qui sont la CENI et la HCC (Haute Cour Constitutionnelle). L’élue du Ier Arrondissement a réclamé la restructuration de ces derniers. Mais, le plaidoyer de l’avocate n’a pas été appuyé par certains de ses collègues des 73 députés issus du Mapar qui veulent actuellement les élections à tout prix. Tous les candidats aux prochaines présidentielles croient-ils en la neutralité de ces organes notamment la HCC qui est chargée non seulement de proclamer le résultat de ces élections présidentielles, mais également et surtout de statuer sur le contentieux lié à ce scrutin conformément à l’article 27 de l’Ordonnance n°2001-003 ? Depuis la mise en place de la Quatrième République, la HCC n’a jamais pris des décisions qui mettent en péril le mandat du président Hery Rajaonarimampianina. Contre une première demande de déchéance formulée par les députés en 2015, la Haute Cour a recommandé un pacte de responsabilité. Et contre une deuxième demande de déchéance, toujours à l’encontre du même président de la République, mais cette fois-ci pour non mise en place de la Haute Cour de Justice, le juge constitutionnel a ordonné la nomination d’un Premier ministre de consensus.
Déni de justice. Le 30 mai 2018, les « 73 députés pour le changement » ont déposé à Ambohidahy une requête contre leurs collègues qui ont quitté leurs groupes parlementaires d’origine. Ces élus qui soutiennent le régime en place sont accusés de fouler au pied l’article 72 de la Constitution qui dispose : « Durant son mandat, le député ne peut sous peine de déchéance, changer de groupe politique pour adhérer à un nouveau groupe, autre que celui au nom duquel il s’est fait élire… La déchéance d’un député peut être également prononcée par la Haute Cour Constitutionnelle s’il dévie de la ligne de conduite de son groupe parlementaire ». Jusqu’ici, Ambohidahy n’a pas encore statué sur cette requête. Or, il s’est précipité de désigner les remplaçants des députés nommés ministres dans le gouvernement de Ntsay Christian. Pour bon nombre d’analystes politiques, c’est un déni de justice. A rappeler que l’actuelle HCC est composée de neuf membres dont trois nommés par le président de la République, deux désignés par l’Assemblée nationale, deux désignés par le Sénat et deux élus par le Conseil Supérieur de la Magistrature dont le président n’est autre que le président de la République. Le président Jean Eric Rakotoarisoa fait partie des trois membres nommés par Hery Rajaonarimampianina qui semble déjà rassuré de sa victoire au soir du 19 décembre, à entendre son intervention dans le dernier « Le rendez-vous du président ».
CES Bis. Bien qu’ils aient annoncé leur candidature, certains candidats à l’élection du 07 novembre n’ont pas caché leurs inquiétudes face aux risques qu’encourt ce scrutin. Pour eux, une grave crise postélectorale est à craindre car les conditions requises pour la tenue d’élections libres, transparentes, crédibles et acceptées par tous ne sont pas encore réunies. Certains candidats vont même jusqu’à sentir un complot machiavélique de la communauté internationale qui conduirait le pays au schéma de 2013 qui serait la conséquence d’un résultat électoral contesté à l’issue du 2e tour du 19 décembre. La mise en place d’une CES Bis (Cour Electorale Spéciale) ne serait donc pas à exclure. Une CES Bis qui serait instrumentalisée par la communauté internationale qui a imposé le « Ni…Ni… » en 2013. Mais, cette fois-ci, ce serait le « Ni…Ni…Ni… ».
R. Eugène