Et si l’on accordait, dorénavant et pareillement, le droit de vote à la diaspora ?
Madagascar recense quelques milliers d’expatriés répartis dans les cinq continents qui ont, également, leur « mots à dire » sur les élections générales, que ce soit au niveau local, régional ou national. Ces quelques milliers de citoyens n’étant frappés d’aucune sanction se trouvent privés de leur droit de vote – un droit fondamental – par une loi qui a toujours été fustigée ou controversée, vu les imperfections qu’elle renferme.
Aucune disposition. En effet, nous ne sommes pas sans savoir que la loi n°2018-008 relative au régime général des élections et des référendums ne prévoit aucune disposition relative au droit de vote de la diaspora. Au niveau de l’article 3 de cette loi, il est prévu, à titre d’illustration, que « sont électeurs tous les citoyens malagasy sans distinction de sexe, âgés de dix-huit (18) ans, jouissant de leurs droits civils et politiques, et inscrits sur la liste électorale conformément aux conditions définies par la présente loi ». Mais ce n’est pas tout. « Les listes électorales de tous les Fokontany comprennent la liste de tous les citoyens en âge de voter, inscrits conformément aux dispositions de la présente loi organique, et répartis par bureau de vote, selon leur circonscription électorale », dispose l’article 8. Ce qui fait que la diaspora est loin d’être concernée par les élections à Madagascar.
Vote électronique. Par ailleurs, les parlementaires n’ont quasiment jamais recommandé à ce que les expatriés exercent leur droit de vote, comme c’est le cas dans les autres pays « véritablement » démocratiques. Aucune initiative ayant trait à la facilitation de ce droit n’a émané d’eux, jusqu’à maintenant. Accorder le droit de vote à la diaspora relève également d’une question technique. Les options « disponibles » sont susceptibles de trahir la sincérité du scrutin, notamment dans un pays (comme Madagascar) où les allégations ou le recours (c’est selon) aux fraudes demeurent des faits ordinaires. Et pourtant, il faut choisir, au moins, entre le vote par procuration, le vote par correspondance, ou le vote électronique.
Vote symbolique. Si nos confrères et consœurs Africains s’y lancent d’ores et déjà, nonobstant le fait que les réformes y afférentes prennent du temps à être mises sur pied, une initiative a déjà été lancée en octobre dernier par des expatriés qui tiennent à ce que la diaspora puisse voter. C’est l’initiative « Za koa hifidy » dans laquelle deux élections ont été organisées, et ayant vu la participation de nombreux expatriés. C’est une initiative louable car le vote de la diaspora – malgré le fait que les chiffres exacts nous fassent défaut – influe sur les élections. A suivre.
Aina Bovel